L'Algérie du 13 mai
Collection L'Air du Temps
Gallimard
Parution
«Le 13 mai 1958, des années d'humiliations, d'inconscience politique, de complots gratuits et d'ambitions refrénées donnaient soudain naissance à un fait révolutionnaire : la prise du Gouvernement Général de l'Algérie par une cohue où se pressaient des élèves des lycées, des étudiants, des anciens combattants, des professeurs et des aventuriers.
Chaque acteur de ce grand tableau historique jouait son rôle d'instinct en y mettant tout son cœur. Le Q.G. fut attaqué avec la soudaineté et la violence nécessaires, suffisamment défendu pour que l'honneur des C.R.S. fût sauf. Il fut pillé juste assez pour que fussent calmés les nerfs de l'émeute. La pagaille qui suivit les premières heures de la victoire donna vraiment l'impression de l'événement fortuit. Il n'y eut pas un seul mort pour tempérer l'enthousiasme algérois. Et parce que la foule criait "L'armée au pouvoir", l'armée vint coiffer le tout.
Un chapitre nouveau de l'Histoire de France s'ouvrait.
Tout est parti de ce carré d'un hectare, le Forum d'Alger, où je me trouvais au soir du 13 mai 1958, et déjà le 6 février 1956, lorsque M. Guy Mollet se fit huer par une foule en délire. J'étais là, souvent, en Algérie, ces dernières années, quand il s'y passait quelque chose. C'était mon métier.
L'historien a l'avantage du recul. Le romancier conserve le droit de façonner ses personnages, ou de les imaginer de toutes pièces. L'un et l'autre reconstituent la vie, chacun à sa manière. Cependant, je ne leur porte pas envie, car j'exerce aujourd'hui mon privilège de journaliste qui est de prendre en mains une matière brute, des hommes vivants, des passions toutes chaudes, des idées neuves qui ne sont pas encore intégrées dans un système, et ce que j'éprouve, j'ai besoin de le dire tout de suite.»
Paul Gérin.
Chaque acteur de ce grand tableau historique jouait son rôle d'instinct en y mettant tout son cœur. Le Q.G. fut attaqué avec la soudaineté et la violence nécessaires, suffisamment défendu pour que l'honneur des C.R.S. fût sauf. Il fut pillé juste assez pour que fussent calmés les nerfs de l'émeute. La pagaille qui suivit les premières heures de la victoire donna vraiment l'impression de l'événement fortuit. Il n'y eut pas un seul mort pour tempérer l'enthousiasme algérois. Et parce que la foule criait "L'armée au pouvoir", l'armée vint coiffer le tout.
Un chapitre nouveau de l'Histoire de France s'ouvrait.
Tout est parti de ce carré d'un hectare, le Forum d'Alger, où je me trouvais au soir du 13 mai 1958, et déjà le 6 février 1956, lorsque M. Guy Mollet se fit huer par une foule en délire. J'étais là, souvent, en Algérie, ces dernières années, quand il s'y passait quelque chose. C'était mon métier.
L'historien a l'avantage du recul. Le romancier conserve le droit de façonner ses personnages, ou de les imaginer de toutes pièces. L'un et l'autre reconstituent la vie, chacun à sa manière. Cependant, je ne leur porte pas envie, car j'exerce aujourd'hui mon privilège de journaliste qui est de prendre en mains une matière brute, des hommes vivants, des passions toutes chaudes, des idées neuves qui ne sont pas encore intégrées dans un système, et ce que j'éprouve, j'ai besoin de le dire tout de suite.»
Paul Gérin.