Journal d'un mort

Collection Blanche
Gallimard
Parution
On se souvient de ces étranges rêves éveillés qui composaient les Mémoires de l'ombre. Dans ce nouveau recueil de poèmes en prose, ce sont encore ces rêves, ces transformations subtiles de la réalité, parfois suaves, parfois âpres ou hallucinantes, que l'auteur nous confie. L'ombre, la nuit, la mort : ces mots inscrits aux titres de ses ouvrages indiquent assez le refus de Marcel Béalu de s'en tenir au réel, au quotidien, à la photographie des choses et des gens. Au surplus, en la compagnie de l'auteur, le réel n'apparaît-il pas figé et une vie nouvelle n'émane-t-elle pas de ce qu'il appelle la Mort : «Le crayon, l'encrier, la chaise marmonnent une litanie sans fin. Des fleuves d'herbe coulent entre mes doigts, se mélangent à mes gestes. Un arbre n'est pas un arbre, c'est un œil qui se tourne lentement vers la lumière et s'ouvre à chaque printemps.» Les rationalistes impénitents qui feraient la moue parce qu'ils réclament d'abord un sens aux images peuvent lire Les deux visages ou encore Des photographes.