Collection Blanche
Gallimard
Parution
Pour attachantes que soient les manifestations complètes d'un génie, elles ne diminuent pas l'intérêt que l'on peut prendre rétrospectivement à ses premières tentatives, ces premiers accents où une extrême ardeur le dispute parfois à une extrême hésitation. On peut justement se plaire à parcourir du regard les voies d'abord incertaines pat où un grand esprit atteint enfin son but : rien n'est plus singulier ni plus encourageant que ces tâtonnements des plus vigoureuses puissances.
Il n'est probablement pas, parmi les premiers ouvrages de grands écrivains, de recueil qui soit, à cet égard, plus révélateur que les Histoires inquiètes : on peut y suivre, pour ainsi dire, pas à pas les parcours de Conrad en quête de son génie. On le voit tenter tour à tour divers sujets, diverses méthodes, divers registres et les modulations les plus variées.
On le voit même atteindre déjà à la perfection comme dans Le Lagon, et, dans Karain, presque au point d'équilibre de cette émotion et de cette ironie qui devaient alimenter ses chefs-d'œuvre.
Le lecteur français ne pourra manquer de prendre intérêt à l'évidente marque d'influences françaises imprimées sur ces premiers ouvrages d'un écrivain anglais. Il y verra paraître l'ombre de Flaubert et celle de Maupassant dont Conrad, par la suite, se délivrera pour ne conserver envers elles qu'une révérence intime.
Déjà s'esquissent dans ce recueil quelques-uns des thèmes majeurs du romancier et du conteur : le thème du remords, celui de la civilisation, celui de la fatalité, l'image de la femme attirante, mystérieuse et maléfique.
Ceux qui ont souci d'approcher mieux encore les conditions du génie de Conrad pourront trouver dans ce livre des éclaircissements, et sinon le secret de ce génie même, du moins le dessin de ses premières démarches.
Il n'est probablement pas, parmi les premiers ouvrages de grands écrivains, de recueil qui soit, à cet égard, plus révélateur que les Histoires inquiètes : on peut y suivre, pour ainsi dire, pas à pas les parcours de Conrad en quête de son génie. On le voit tenter tour à tour divers sujets, diverses méthodes, divers registres et les modulations les plus variées.
On le voit même atteindre déjà à la perfection comme dans Le Lagon, et, dans Karain, presque au point d'équilibre de cette émotion et de cette ironie qui devaient alimenter ses chefs-d'œuvre.
Le lecteur français ne pourra manquer de prendre intérêt à l'évidente marque d'influences françaises imprimées sur ces premiers ouvrages d'un écrivain anglais. Il y verra paraître l'ombre de Flaubert et celle de Maupassant dont Conrad, par la suite, se délivrera pour ne conserver envers elles qu'une révérence intime.
Déjà s'esquissent dans ce recueil quelques-uns des thèmes majeurs du romancier et du conteur : le thème du remords, celui de la civilisation, celui de la fatalité, l'image de la femme attirante, mystérieuse et maléfique.
Ceux qui ont souci d'approcher mieux encore les conditions du génie de Conrad pourront trouver dans ce livre des éclaircissements, et sinon le secret de ce génie même, du moins le dessin de ses premières démarches.