De Talleyrand à Khrouchtchev

Trad. de l'anglais (Autriche) par Michel Forstetter
Gallimard
Parution
Voici un Iivre «destiné à combattre les opinions que l'on pourrait définir comme de fortes convictions fondées sur de faibles connaissances». Son auteur y étudie les causes et les principes qui ont amené la destruction de l'Europe, destruction spirituelle et matérielle, qui atteint son point de perfection, si l'on peut dire, au moment même où l'Europe des Six prend son départ.
Causes lointaines : le partage européen après la mort de Charlemagne ; et la Réforme, qui, en dehors de toute considération religieuse, a produit une effroyable scission au milieu du monde chrétien.
Cause immédiate : le jacobinisme de la Révolution française, qui a trouvé une récente incarnation dans le nazisme. Pour Robert Ingrim, Hitler est le symptôme d'une maladie des esprits, qu'il nomme le nationalisme jacobin, et qu'il oppose au patriotisme traditionnel : «Le nationalisme moderne, exagéré – enfant de la Révolution française – a été à l'origine de la plus grande calamité de l'histoire ; il l'a été après avoir assassiné son frère, le libéralisme, et élevé amoureusement le socialisme dans son giron.»
Historien autrichien, spécialiste de la politique internationale, Robert Ingrim analyse avec une grande hauteur de vue les différents réflexes de Roosevelt, de Churchill, de Staline, de Hitler, pendant la dernière guerre. Il part de Talleyrand, organisateur d'une Europe «sage», pour aboutir à Khrouchtchev, maître d'une moitié de l'Europe et acquéreur éventuel de la partie restante.
Cet essai, riche en formules brillantes, explique la possibilité d'une réconciliation franco-allemande. C'est aussi un réquisitoire contre la tyrannie sous toutes ses formes – que définit très bien cette phrase de Robert Ingrim : «Tout gouvernement totalitaire est une vaste conjuration.»