Couleur de cendre
Collection Le Chemin
Gallimard
Parution
M. et Mme Treilhas partent pour le bord de la mer, emmenant avec eux leurs fils Georges et Michel. Ils ont loué par agence une cabane inconfortable baptisée «chalet» pour la circonstance. Il pleut, il fait soleil, ils vont à la plage, pêchent, mangent, se déshabillent, dorment, s’ennuient : ainsi se déroule la vie de tous les jours, apparemment dépourvue de la moindre notion de sentiment : joie, tristesse, etc. Pourtant les Treilhas font la connaissance de M. Leblond et de sa belle épouse qui les emmènent pique-niquer en 4 CV. Une idylle pourrait naître, mais cette rencontre se confond avec le reste : à force d’effacer les visages entrevus, les paroles, les gestes, la brume mentale qui les enveloppe fait du monde ambiant une sorte d’enfer extrêmement doux et discret dont ils sont résignés d’avance à ne jamais s’échapper. Les Treilhas retournent enfin en ville. Puis ils déménagent, sont obligés d’accueillir chez eux le père de M. Treilbas, frappé de paralysie, et le temps passe jusqu’à la distribution des prix pour Georges et Michel, cérémonie qui coïncide avec de nouveaux projets de vacances. Ainsi le cercle s’est-il refermé.
Jamais encore un romancier n’avait osé traiter du désespoir avec un détachement aussi sûr, un air d’absence et de tranquillité feutrée, comme si la vie n’était en somme qu’un gigantesque jeu de patience qui ne connaîtrait pas le mot «fin».