Corps perdus
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Marcel Duhamel
Gallimard
Parution
La dernière œuvre de P. J. Wolfson évoque aussi clairement que le pourrait faire un film, l’existence équivoque d’un policier américain.
Toute l’action du début se déroule dans une atmosphère de corruption, de chantage, de drogue et de meurtre. Cependant, Corps perdus se différencie nettement des romans policiers américains et des vies de gangsters plus ou moins romancées du fait que le héros en est un policier, véritable tigre lâché au milieu des loups… tour à tour cruel, avide, impitoyable, tendre, humain et, par dessus tout, d’un cynisme insupportable, c’est-à-dire d’une franchise magnifique…
Grâce à son sens aigu de la «combine», un simple policier gravit un à un les échelons qui le conduisent au poste le plus important de la police de New York. Son emploi lui permet, au cours d’interviews d’un pittoresque sinistre, d’obtenir des gangsters, drogués, etc., les éléments de chantage grâce auxquels il tiendra à sa merci bootleggers, tenanciers de bar et surtout les femmes qu’il méprise mais qu’une hantise sexuelle prononcée le force à rechercher.
Il tombe amoureux de la femme d’un de ses subordonnés policiers dont il a fait son meilleur ami, et se fait aimer d’elle. Le mari meurt. Tous deux se marient et ont une petite fille, laquelle succombe à une méningite. Et notre policier disparaît à nos yeux sous son jour le plus humain, celui d’un malheureux dont l’enfant vient de mourir et que ni son cynisme, ni sa dureté, ni sa volonté n’empêchent de souffrir.