1993 aura été l'année de nouveaux ébranlements : l'Afrique du Sud abolit l'apartheid, ce dont témoigne symboliquement l'attribution à Nelson Mandela et Frederik De Klerk du prix Nobel de la Paix ; en marche vers la paix, Israël et l'OLP se sont mutuellement reconnus et ont entrepris de fixer les étapes conduisant à l'instauration d'un État palestinien dans une partie des territoires occupés. De guerre, il aura toujours été question : en Bosnie, où l'Europe a consacré de fait le droit du plus fort au profit des Serbes et des Croates ; dans l'ancien empire soviétique, où les soubresauts d'une démocratie toujours invoquée à Moscou par un président soucieux de concentrer tous les pouvoirs ne peuvent faire oublier les déchirements entre de nombreuses républiques. De guerre commerciale et culturelle, il aura été longuement question tout au long du grand feuilleton de la négociation du GATT, qui vit une Europe, ébranlée par Maastricht, présenter bon gré mal gré un front commun pour la défense de ses intérêts face aux États-Unis.
Et pendant ce temps, les puissances riches et démocratiques réagissent diversement à la crise : les États-Unis décident d'un marché commun avec le Mexique et le Canada ; la France restreint dans sa Constitution l'exercice du droit d'asile ; les Nations unies, parties en guerre pour la démocratie au Koweït, n'interviennent pas en Haïti. Autant de contradictions qui nourrissent la complexité du cours du monde.