«Ce toit tranquille où marchent des colombes» : te\le nous apparait l'enfance de Paul Valéry dans cette magistrale étude du professeur Mondor. La mer semée de voiles blanches que l'enfant contemplait des terrasses du collège de Sète n'est-elle pas l'image même de la jeunesse de Valéry : une surface lumineuse et délicatement irrisée à l'abri de laquelle se mouvaient à d'insondables profondeurs de vastes courants chargés d'énergie et de sel. Déjà s'élaborait, dans la liberté de cœur et d'esprit favorisée par des parents cornpréhensifs, la triomphale alliance d'intelligence et de sensibilité qui fit le grand poète.
«Précocité de Valéry» : aucun titre ne pouvait mieux convenir à une étude de la jeunesse de Paul Valéry. Ce que nous suivons pas à pas avec le professeur Mondor, c'est la marche en avant, obstinée,
lucide, inébranlable, d'un esprit conscient, dès un âge exceptionnellement tendre, de ses propres aspirations.
La vie au lycée de Montpellier, les vacances en Italie, les amitiés parisiennes (Gide, Pierre Louys), le service militaire, les études de droit dans la grande faculté languedocienne, les débuts littéraires, un amour singulier, composent une biographie passionnante. L'attitude du jeune Paul Valéry à l'égard de ses admirations artistiques : Hugo, Huysmans, Edgar Poe, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud, Wagner, est un admirable enseignement pour tout esprit en voie de formation.