Sélection thématique
Grand Prix du Roman de l'Académie française
«Un paysan appelé Vania poussait une barque. Des enfants l'entouraient. Il est mort d'un arrêt du cœur, là, quelque part dans l'herbe. Les enfants ont grandi en exil, sous d'autres nationalités. Ils sont devenus français, angalis, américains. La plupart ne sont jamais revenus en Russie.»
Anne Wiazemsky.
Anne Wiazemsky.
Être née à la fin du XVIIIᵉ siècle, au temps où Jean-Jacques Rousseau régnait en maître sur les âmes sensibles ; avoir été baptisée Héloïse pour mieux ressembler à une héroïne de roman ; être amoureuse d'un garçon nommé Jean-Jacques pour la même raison ; vivre avec lui dans l'illusion d'un monde doux, bon, beau, philosophique et pastoral, qu'est-ce que cela donne en Messidor an II ?
Dans une bananeraie, Victor, vingt ans, tient avec B and B, ses aides magiques, un magasin : À la Ressource de l'Africain. Lola, petite prostituée à moitié noire, cherche désespérément à se blanchir et à se blondir. Alexis, le chimpanzé, ne sait pas qu'il n'est qu'un singe.
Ces trois innocents suscitent l'envie, la passion ou la haine de toute une population - putains, infirmes, prédicateurs, rejetés de partout - qui s'agite frénétiquement. À moins que cette humanité dénaturée ne soit la proie de...
Ces trois innocents suscitent l'envie, la passion ou la haine de toute une population - putains, infirmes, prédicateurs, rejetés de partout - qui s'agite frénétiquement. À moins que cette humanité dénaturée ne soit la proie de...
Au début du siècle, un petit château dans le Berry. Les habitants du pays croient que chaque nouveau propriétaire apporte avec lui une nouvelle guerre. Augustin Pieyre est chirurgien à la Pitié-Salpêtrière. Il aime son métier. Il a pris, croit-il, la mesure de sa vie, entre l'hôpital et ses misères, son père, libraire place Saint-Sulpice, l'amour qu'il porte à sa ville, et les plaisirs de l'amitié. Il qui reste encore à passer de l'autre côté du miroir.
Augustin Pieyre et le château de Bussy se...
Augustin Pieyre et le château de Bussy se...
Au milieu de l'immense forêt vosgienne du Herrenberg, Henri Guifred et son ami Philippe se sont installés chez Metzer, le vieux garde. Ils chassent. Mais cette chasse n'est point celle qu'on a coutume d'imaginer : elle est tout entière faite d'approches, de guets, de lentes découvertes, d'affûts patients, et le gibier y est l'objet de trop d'amour pour ne pas être le plus souvent épargné, une fois surpris dans le spectacle de sa liberté.
Ces grands bois où le bruit des balles et des plombs se...
Ces grands bois où le bruit des balles et des plombs se...
Le narrateur part à la recherche de son père. Le voici dans un village, en bordure de la forêt de Fontainebleau, du temps de l'occupation, au milieu d'individus troubles. Qui est ce père ? Trafiquant ? Juif traqué ? Pourquoi se trouve-t-il parmi ces gens ? Jusqu'au bout le narrateur poursuivra ce père fantomatique. Avec tendresse.
«C'était bien Anne, et quand nous approchâmes, courant dans les derniers cent mètres, la marée montante lui léchait déjà les pieds. Étendue sur le dos, un bras replié sous elle, maculée de vase, elle offrait au ciel son visage livide sur lequel le sang coulant du front avait déjà séché, engluant une paupière et les cheveux épars. Je défis son blouson de daim et passai la main sur sa poitrine. Une mince chemise protégeait un sein tiède qui se soulevait par saccades.»
«"Tiens bon !" cria le capitaine en paraissant à la porte de la cabine où il était allé rejoindre lady Cecilia, et il ajouta ces mots qui constataient avec stupeur l'accident dont nous venions d'être victimes et dont les conséquences auraient pu être graves : "On a empanné !
- On a empanné, dit Auguste.
- On a empanné", répéta le capitaine, et il éclata d'un rire qui domina le vacarme de la tempête et par lequel il se libérait de sa peur, défiait la mer et montrait à son navire la confiance qu'il...
- On a empanné, dit Auguste.
- On a empanné", répéta le capitaine, et il éclata d'un rire qui domina le vacarme de la tempête et par lequel il se libérait de sa peur, défiait la mer et montrait à son navire la confiance qu'il...
On ne sait pas au juste ce qu'Anthime et Philippe sont venus chercher sur cette paroi verglacée. Tout les oppose : l'âge, le caractère, les
idées. Au-dessus de quatre mille mètres, la montagne ne tolère ni l'improvisation, ni les partis pris insolites. Philippe a fort à faire pour convertir Anthime aux méthodes modernes. L'équipement est un sujet constant d'affrontement entre les deux hommes. On se demande pourquoi Philippe a tant de patience à son égard. La fatigue, le froid, la faim, le danger...
«Il est inexplicable que nous soyons vivants. Je remonte, ma lampe électrique à la main, les traces de l'avion sur le sol. À deux cent cinquante mètres de son point d'arrêt nous retrouvons déjà des ferrailles tordues et des tôles dont, tout le long du parcours, il a éclaboussé le sable. Nous saurons, quand viendra le jour, que nous avons tamponné presque tangentiellement une pente douce au sommet d'un plateau désert.»