Un officier de tradition
Collection Blanche
Gallimard
Parution
1945. M. Brücken, ex-colonel de la Wehrmacht, démobilisé, traîne une vie misérable à Cologne. Ses multiples blessures mal cicatrisées font de lui une sorte de loque. Clochard, chômeur, homme sandwich, huissier, il ne perd pourtant rien de sa hauteur, de sa froideur, voire de sa morgue.
À la faveur d'un procès de dénazification qu'on lui intente, on s'aperçoit que sa carrière militaire a été jalonnée d'atrocités. Mais ces atrocités – et c'est là une des originalités du livre – ne sont pas des atrocités nazies. Brücken démontre (et on le croit), que les dizaines d'exécutions sommaires et pendaisons qu'il a ordonnées ont été des mesures strictement militaires. Bref, c'est un officier allemand de tradition, implacable, inflexible, mais non cruel. D'ailleurs il est aussi dur avec lui-même dans l'adversité, qu'il l'a été jadis envers autrui dans la guerre. Sa famille décimée, sa femme violée, son pays démantelé, sa propre misère, ne lui arrachent ni une larme ni un soupir. Et c'est sans un mot de regret ou de repentir qu'il acceptera la mort, de la la main du frère d'une de ses victimes.
Serge Groussard a écrit ce beau et puissant roman avec tout son talent, tout son instinct et toute sa sensibilité. Son «officier de tradition» est un personnage si justement observé, si vivant, si vrai enfin, qu'il se hausse jusqu'au type. Personne avant Serge Groussard n'avait introduit dans la littérature française cet être à la fois fascinant et inhumain, que l'on ne peut s'empêcher d'admirer tout en le haïssant.
À la faveur d'un procès de dénazification qu'on lui intente, on s'aperçoit que sa carrière militaire a été jalonnée d'atrocités. Mais ces atrocités – et c'est là une des originalités du livre – ne sont pas des atrocités nazies. Brücken démontre (et on le croit), que les dizaines d'exécutions sommaires et pendaisons qu'il a ordonnées ont été des mesures strictement militaires. Bref, c'est un officier allemand de tradition, implacable, inflexible, mais non cruel. D'ailleurs il est aussi dur avec lui-même dans l'adversité, qu'il l'a été jadis envers autrui dans la guerre. Sa famille décimée, sa femme violée, son pays démantelé, sa propre misère, ne lui arrachent ni une larme ni un soupir. Et c'est sans un mot de regret ou de repentir qu'il acceptera la mort, de la la main du frère d'une de ses victimes.
Serge Groussard a écrit ce beau et puissant roman avec tout son talent, tout son instinct et toute sa sensibilité. Son «officier de tradition» est un personnage si justement observé, si vivant, si vrai enfin, qu'il se hausse jusqu'au type. Personne avant Serge Groussard n'avait introduit dans la littérature française cet être à la fois fascinant et inhumain, que l'on ne peut s'empêcher d'admirer tout en le haïssant.