Les vrais chefs de l'Empire

Collection Esprit
Gallimard
Parution
En de précédents ouvrages, Robert Delavignette apportait une contribution originale à la connaissance de l'Afrique et à l'autocritique coloniale : Les Paysans Noirs révélaient des géorgiques, les travaux et les jours de cultivateurs soudanais méconnus et de leur administrateur venu de France ; Soudan-Paris-Bourgogne lançait un essai de synthèse entre la colonie, la capitale et la province et l'idée du bloc franco-africain.
Robert Delavignette présente aujourd'hui Les vrais chefs de l'Empire, une étude sur l'art du commandement colonial en Afrique noire et particulièrement en Afrique Occidentale Française.
Ce n'est pas un traité juridique ni un manuel administratif. Un homme de métier parle du commandement colonial comme d'une expérience personnelle et d'une raison de vie. Aucune aridité technique, aucun conformisme officiel. Dès le premier chapitre surgit la personne responsable qui se tient au centre du jeu : le commandant de cercle.
Il appartient à une société coloniale qui est analysée : il agit dans un pays africain dont la notion est défmie ; il mène une politique dont l'esprit nous est rendu. Sa position est située dans une Afrique où l'armature de chefs indigènes, le cadre juridique et le climat religieux sont en train de changer. Sa valeur de chef apparaît dans les problèmes de base : l'organisation du paysannat et l'édification du nouveau monde africain.
Pénétré par l'esprit d'une colonisation expérimentale, où la morale de l'œuvre est liée à la technique des ouvriers, le livre éclaire une question qui est aussi actuelle dans la métropole qu'aux colonies et en Europe qu'en Afrique : la question du chef.
Le chef est le praticien qui sait «appliquer avec une justesse d'humaniste l'accent de l'autorité» pour reconnaître les Droits de l'Homme et servir l'intérêt des gens. Il mettra ensemble l'humanisme et le commandement, parce qu'il en retrouvera les principes et qu'il en contrôlera les méthodes, non dans une bureaucratie mais dans un pays qu'il connaît et parmi des hommes bien vivants qu'il administre ; et parce qu'il tendra vers l'universel, non par des abstractions mais à travers ce pays-là, avec ces hommes-là. Un tel commandement est le contraire de la tyrannie.
Il s'agit de voir dans le commandement une fonction sociale, civique et non pas l'excès d'un individu, le pri\'ilège et l'instrument d'une caste, d'une classe, d'une race. Il s'agit de faire du commandement non pas une attitude de prestige, un moyen d'oppression ou de profit, mais un acte de civilisation.
Directeur de l'École Nationale de la France d'Outre-Mer où se forment les administrateurs coloniaux, Robert Delavignette pense que c'est par de tels chefs que vit l'Empire Français. C'est par leur art du commandement que l'Empire Français est l'expression et l'épreuve de l'humanisme où tous les hommes libres ont engagé leur destin.
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