Les Ruines et les Jours

Trad. de l'espagnol par Annie Brousseau
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
L'aventure individuelle de Maria, l'héroïne de Les Ruines et les Jours, s'inscrit, comme celle de Scarlett O'Hara d'Autant en emporte le vent, sur un arrière-plan de guerre civile. Maria vit la résistance el la chute de Barcelone, puis les grises années qui ont suivi la guerre.
Les premières amours, les premières désillusions de Maria, l'ascension sociale de la famille de petits boutiquiers dont elle est issue : tout cela se passe pendant les premières années de la République. La guerre civile disperse le groupe de jeunes gens amis de Maria. Les uns sont tués ou emprisonnés aux premiers jours du conflit, d'autres rejoignent le front républicain ou les lignes franquistes. D'inquiétantes silhouettes de pistoleros et de suspects traqués traversent le récit dont le véritable protagoniste est le petit peuple de Barcelone, libéral et laborieux, soucieux de réformes sociales, et qui s'affaire sous les bombardements. Un peuple affamé dont les fils luttent sur le front de l'Ebre, – qui blâme les excès des pistoleros, et donne asile aux prêtres tout en rejetant la religion.
Le père de l'héroïne est tué par un bombardement, aux derniers jours de la guerre. Et tandis que la population accueille la défaite avec une stupeur résignée, la jeune fille et sa mère s'enferment pour ne pas entendre les rumeurs du «défilé de la victoire» au long du Paséo de Gracia et des Ramblas.
Maria épouse alors Arturo, jeune officier républicain, qui, ne parvenant pas à surmonter la nostalgie des espoirs perdus, s'enfuit au Mexique. La jeune femme gagne sa vie en collaborant à diverses revues littéraires. Son amie Catalina, femme intelligente et cynique, l'introduit dans la haute société de Barcelone où elle lie connaissance avec des personnages équivoques : Cristian, peintre mondain et Enrique, directeur de revue littéraire.
Sous l'influence d'une désillusion sentimentale et aux approches de la quarantaine le caractère de Maria évolue. La solitude prend pour elle une saveur douce-amère. Elle accueille avec une indifférence résignée le retour de son mari, la reprise de la vie normale. Sa personnalité se forge dans la destruction des illusions du jeune âge : «Quelque chose meurt en nous chaque jour».