D.H. Lawrence

Les filles du pasteur

Daughters of the Vicar
Trad. de l'anglais par Colette Vercken
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Ces nouvelles de D. H. Lawrence ne sont pas seulement remarquables pour ce qu'elles mettent en valeur ses dons insignes de poète et de conteur dès le début de sa carrière. Écrites dans un style dépouillé et précis, et cependant riche d'images, il s'en dégage, obtenu par les moyens les plus simples, un pathétique vraiment humain, qui est bien dans la ligne des grands créateurs anglais. Mais de plus il est passionnant d'y retrouver, à l'état naissant pour ainsi dire, tous les éléments de la mystique lawrencienne, qui se développera dans une progression continue, malgré certaines inégalités, au cours de toute son œuvre, pour trouver son expression dernière et sa somme dans les grands livres de la maturité, particulièrement le Serpent à plumes. Dès cette époque ancienne, on est frappé des fréquentes rencontres de la pensée de Lawrence avec celle de Freud, comme elle si souvent mal comprise et défigurée.
Le génie inquiet de Lawrence nous donne ici l'analyse la plus aigüe du bouillonnement de forces obscures où l'adolescence se trouve elle-même au milieu des angoisses, dans le cadre familier des mines du Lancashire, ou parmi les plus poétiques paysages. Car il a en face de la nature la même sensibilité ; cette perception pénétrante de la vie végétale, avec ses remous de sève et ses souffles profonds.
À l'heure où un certain courant superficiel tend à déformer les idées de Lawrence, il n'était pas inutile de mettre en lumière ce qui peut concourir à un rétablissement de valeurs, souhaité par tous ceux qui aiment et admirent ce grand esprit, torturé entre une intelligence et une sensibilité également exquises.