Le Sang chaud

Dans une ville d'Algérie écrasée de chaleur et de soleil, quelques années avant la guerre, grandit un petit garçon, Félix Marteray. Son père est veuf. Félix mène une existence passablement solitaire, observant avec gravité les êtres et les choses. Autour de lui, les drames se nouent et se dénouent. Dans la maison d'en face, par exemple, habite Mme Bonaventure, une vieille femme à demi aveugle qui n'attend plus rien du monde qu'une confirmation de sa malveillance : elle se laissera mourir de faim après que sa fille sera devenue folle et que son gendre aura péri dans un accident d'auto camouflant un assassinat. Reste sa petite fille, Marie Ange. Félix voue à cette enfant un peu sombre et déconcertante un amour profond, fait d'attente et de souffrance, auquel elle répondra à sa manière. Et les années passent.
Nous retrouvons Félix après la guerre. Il revient de la métropole où il a accompli son service militaire. Il est toujours amoureux de Marie Ange, qui est maintenant une belle jeune fille ; mais elle a un caractère étrange et tourmenté. Elle ne répond à Félix que par des rebuffades, des humiliations, des trahisons. Celui-ci, le cœur déchiré, mi-lassitude, mi-désespoir, épouse une autre femme. Il n'en a pas fini avec Marie Ange : quelques mois plus tard, elle trouvera le moyen de lui porter un dernier coup.
Marcel Moussy, dans ce premier roman, où s'allient la sensualité et le mystère, se révèle comme un écrivain d'un tempérament exceptionnel. Pour décrire la chaleur des pierres d'Afrique, la chaleur du sang des hommes, il fait montre d'une puissance d'évocation, d'une profusion de sensations dont la littérature française offre peu d'exemples. On songe à Bosco. On songe aussi à Faulkner.