Un jeune homme marche dans une ville. Mais les conditions d’existence de cette ville ne sont pas normaIes : beaucoup d’hommes «qui sont allés à la gare» n’en sont pas revenus ; des policiers arrêtent des gens dans la rue ; il y a des cadavres sur les trottoirs. Le Gouvernement a beau multiplier les appels au calme, répéter que tout va bien ; tout est loin de bien aller.
Le jeune homme n’a pas d’argent. Ses amis non plus. On a faim. Une espèce de couvercle pèse sur la ville, qui rend toutes les actions pénibles, lourdes. La ville, cependant, ne cesse d’espérer un avenir plus clair.
Il n’est dit nulle part dans le livre de Marcel Mouloudji qu’il s’agit de Paris pendant l’occupation allemande, mais l’atmosphère est si bien rendue que, dès les premières pages, on sait où l’on est. Et Ies sentiments, les pensées, la tristesse qui animent son héros nous deviennent familiers : nous les avons connus.