La Fille du colonel
Trad. de l'anglais par Marie Canavaggia
Collection Blanche
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
1989
Vingt-six ans, intelligence rudimentaire et visage ingrat, bon cœur et beau corps également en peine, élevée selon des vues qui tendaient à faire d'elle la jeune personne comme il faut d'avant-guerre, Georgina Smithers est certes la fille accomplie d'un officier supérieur de Sa Majesté Britannique, mais elle est bien mal armée pour la vie.
Créature de bonne volonté, elle s'efforce de concilier l'idéal conventionnel qu'on lui a inculqué – qu'elle ne songe pas plus à discuter qu'un bon soldat le règlement – avec les sourdes exigences de sa nature de fille saine en mal de vivre. Elle s'ignore elle-même, se cherche (autrement dit cherche un mari) à l'aveuglette. Ses désirs font de leur mieux pour garder, eux aussi, les apparences et tâtonnent dans la pénombre – lentes antennes qu'Aldington fait palpiter avec une incomparable légèreté de touche.
Georgie vivait en paix – ou, enfin, oubliait de vivre. Soudain, d'un contact fortuit avec une réalité extra-bourgeoise, l'instinct féminin dégage en elle sa petite étincelle. Tout le long du livre, cet instinct lutte pour trouver un aliment et cette touchante petite flamme menacée met dans une dure lumière les ridicules, l'égoïsme, la lâcheté et l'hypocrisie d'une famille, d'une petite ville, de toute une société.
Pauvre Georgie! Elle n'a pas la partie belle! Ni riche, ni jolie, n'est-elle pas, de surcroît, empêtrée dans ses bonnes qualités? Elle a bien recours à quelques classiques roueries d'ingénue, mais s'arrête en chemin, paralysée par sa volonté de se conformer au vertueux idéal qu'affiche sa classe et auquel elle croit, avec une attendrissante droiture, sans s'apercevoir que son milieu ne lui en demande pas tant, que, dans une société que mène un Sir Horace – gros profiteur anobli – la fin justifie les moyens.
Irrésistible d'entrain (leste parfois!), l'histoire de la Fille du colonel apportera plus d'une révélation au lecteur français. Une histoire dont l'intérêt, loin de faiblir en route, rebondit sans faute à tous les tournants, une histoire où le mordant s'allie indissolublement au pathétique, que le souffle créateur le plus authentique anime du commencement à la fin, et qu'on sent traduite avec autant d'amour que d'intelligence.
Créature de bonne volonté, elle s'efforce de concilier l'idéal conventionnel qu'on lui a inculqué – qu'elle ne songe pas plus à discuter qu'un bon soldat le règlement – avec les sourdes exigences de sa nature de fille saine en mal de vivre. Elle s'ignore elle-même, se cherche (autrement dit cherche un mari) à l'aveuglette. Ses désirs font de leur mieux pour garder, eux aussi, les apparences et tâtonnent dans la pénombre – lentes antennes qu'Aldington fait palpiter avec une incomparable légèreté de touche.
Georgie vivait en paix – ou, enfin, oubliait de vivre. Soudain, d'un contact fortuit avec une réalité extra-bourgeoise, l'instinct féminin dégage en elle sa petite étincelle. Tout le long du livre, cet instinct lutte pour trouver un aliment et cette touchante petite flamme menacée met dans une dure lumière les ridicules, l'égoïsme, la lâcheté et l'hypocrisie d'une famille, d'une petite ville, de toute une société.
Pauvre Georgie! Elle n'a pas la partie belle! Ni riche, ni jolie, n'est-elle pas, de surcroît, empêtrée dans ses bonnes qualités? Elle a bien recours à quelques classiques roueries d'ingénue, mais s'arrête en chemin, paralysée par sa volonté de se conformer au vertueux idéal qu'affiche sa classe et auquel elle croit, avec une attendrissante droiture, sans s'apercevoir que son milieu ne lui en demande pas tant, que, dans une société que mène un Sir Horace – gros profiteur anobli – la fin justifie les moyens.
Irrésistible d'entrain (leste parfois!), l'histoire de la Fille du colonel apportera plus d'une révélation au lecteur français. Une histoire dont l'intérêt, loin de faiblir en route, rebondit sans faute à tous les tournants, une histoire où le mordant s'allie indissolublement au pathétique, que le souffle créateur le plus authentique anime du commencement à la fin, et qu'on sent traduite avec autant d'amour que d'intelligence.