La bicyclette

Collection Blanche
Gallimard
Parution
C'était l'histoire à la mode, qui se racontait sans arrêt au village. Jules avait dansé avec Antoinette. Puis, après la danse, Antoinette avait dit à Jules qu'il faisait chaud. «Oui, il fait chaud», avait répondu Jules. Alors ils étaient sortis tous les deux. Puis la belle Antoinette avait dit à Jules : «Viens dans la grange». Dans la grange, la belle Antoinette avait dit à Jules : «Embrasse-moi». Et Jules l'avait embrassée . Après avoir été embrassée, la belle Antoinette avait dit à Jules, toute chavirée: «Maintenant Jules, demande-moi tout ce que tu voudras.» Alors Jules lui avait demandé sa bicyclette.
Ainsi, dans le roman de J.-M. Dunoyer, la bicyclette devient un être symbolique, mystique, – elle est l'attribut du garçon qui ne fait pas de mal aux filles. Elle devient le personnage principal de ce roman où le thème du refus de l'amour est développé parallèlement à celui du refus du ciel de faire tomber l'eau sur une terre desséchée. La bicyclette est vraiment le roman de la sécheresse.
J.-M. Dunoyer a écrit un livre vif, pénétrant, plein de vérité, et riche de toutes les nuances que comporte la vérité. Ses paysans sont vrais, avec leur langage qui est bien de chez eux, leurs réactions un peu lentes et lourdes, mais caractéristiques. L'atmosphère de chaleur, de sécheresse et d'irrémédiable désastre où baigne le livre est rendue par les moyens les plus sobres et les plus efficaces.
L'auteur se défend d'être poète, – pourtant tout le récit est imprégné de l'odeur de la terre, de la vérité des hommes qui vivent et luttent, de leur gaîté robuste, de leur souffrance muette.
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