J'ai honte de mendier

To beg I am ashamed
Trad. de l'anglais par Madeleine Brémont
Collection Blanche
Gallimard
Parution
L'auteur était née pour être une dame ; et c'est grâce à un ensemble de circonstances malheureuses, et aussi grâce à son caractère à la fois sans défense contre l'abjection des hommes et impitoyable quant à sa propre faiblesse qu'elle pratiqua froidement, résolument, et sans défaillance son abominable métier. C'est pourquoi Sheila Cousins a pu écrire l'histoire de sa vie avec la précision d'un être qui connaît l'enfer dont il parle et avec le froid détachement d'une femme qui a su maintenir sa personnalité et son âme à l'écart du bourbier où sa destinée l'a jetée.
Cette extraordinaire confession a été interdite en Angleterre avant sa parution, à la suite des protestations éperdues des critiques puritains qui en avaient eu des exemplaires entre les mains. Ils ne s'élevèrent pas tant contre le réalisme certain du livre que contre l'impitoyable et cinglant pamphlet qui accable les mœurs et les institutions britanniques. Le «médiévisme», l'inhumanité, la misère des institutions officielles et privées en Angleterre, l'hypocrisie, l'avarice, la dépravation furtive et honteuse de certains Anglais, sont mis en lumière avec une ironie terrible, amère et non dépourvue d'humour ni de pittoresque.
Ce pamphlet, ce roman, cette confession, ce «Voyage au bout de la nuit de Londres» ne peut manquer d'émouvoir et de passionner la critique et le public français.