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Marguerite Yourcenar (1903-1987)

Marguerite Yourcenar (1903-1987) échappa, dans sa traversée du siècle, à toutes les conventions, sociales, familiales et littéraires. Romancière (Mémoires d'Hadrien, L'Œuvre au noir), essayiste (Sous bénéfice d'inventaire, Mishima ou la vision du vide), traductrice (Cafavis, negro spirituals), elle est la première femme à entrer à l'Académie française. 

Œuvres de Marguerite Yourcenar au Éditions Gallimard

Marguerite Yourcenar. Coll. part. Archives Editions Gallimard

Marguerite Yourcenar, années 1920.

8 juin 1903 — Naissance à Bruxelles de Marguerite, fille de Michel Cleenewerck de Crayencour, né à Lille, et de sa seconde femme, Fernande de Cartier de Marchienne, née dans la province de Namur en Belgique.

1912-1916 — Michel de Crayencour s'installe à Paris. Marguerite fait ses études sous la direction d'une institutrice, mais s'instruit surtout grâce aux visites des musées, aux matinées classiques des théâtres et à de longues lectures. En 1914, M. de Crayencour et sa fille sont surpris par la guerre à Westende. Les routes pour la France étant bloquées, ils s'embarquent pour l'Angleterre où ils passeront un an. Marguerite y apprend l'anglais et commence avec son père l'étude du latin. De retour dans le Paris de la guerre, Marguerite continue ses études privées et commence le grec. Elle apprend par ses propres moyens à lire les poètes italiens dans leur langue.

1917-1922 — Marguerite lit bon nombre d'auteurs classiques et de maîtres de la littérature européenne du XIXe siècle et passe, en 1919, un baccalauréat latin-grec. Par jeu, avec l'aide de son père, Marguerite se fabrique l'anagramme « Yourcenar » dont elle finira par se servir exclusivement, et qui deviendra son nom légal aux États-Unis à partir de 1947.

1922-1926 — Découverte de l'Italie. En 1922, Marguerite Yourcenar est témoin de la marche sur Rome. Durant les années qui suivent, le fascisme, vu de près, la familiarité avec la vie populaire italienne, tant en Italie que dans le midi de la France et plus tard, en Suisse, des contacts avec les intellectuels italiens exilés, lui permettent d'amasser les impressions et les souvenirs dont sera faite, en 1934, la première version de son roman Denier du rêve, et dont la version définitive ne paraîtra qu'en 1959. Marguerite Yourcenar s'engage aussi dans la lecture de l'histoire contemporaine et des théoriciens du socialisme et de l'anarchie, puis des philosophes et des poètes de l'Allemagne et de l'Angleterre du XIXe siècle, et effleure pour la première fois des traductions de textes de l'Inde et de l'Extrême-Orient.

1926-1929 — Années passées principalement en Suisse romande. Entre août 1927 et septembre 1928, Marguerite Yourcenar compose à Lausanne le court récit intitulé Alexis ou le Traité du vain combat. Paru au Sans pareil en novembre 1929, il fut loué par quelques-uns des meilleurs critiques du temps, entre autre par Edmond Jaloux, avec qui Marguerite Yourcenar se lia d'une amitié durable.

1929-1931 — Années partagées entre Paris, la Belgique, la Hollande, l'Italie et les pays d'Europe centrale.

1932-1933 — Fréquents séjour à Vienne. Rencontre avec Charles Du Bos et l'écrivain autrichien Rudolf Kassner.

Marguerite Yourcenar, Nouvelles orientales, Gallimard, 1938 (« Renaissance de la nouvelle »)

Édition originale des
Nouvelles orientales,
1938.

1934-1938 — Années centrées surtout sur la Grèce, où Marguerite Yourcenar fait de longs séjours. En 1935, elle commence Feux à Constantinople, au cours d'un voyage en mer Noire entrepris avec un ami grec, le poète et psychanalyste André Embiricos, et compose le recueil Nouvelles orientales, paru en 1938 chez Gallimard dans la collection « La renaissance de la nouvelle » dirigée par Paul Morand. Les récits à sujets anecdotiques ou légendaires des Nouvelles orientales témoignent, comme Denier du rêve et Feux, du désir de montrer l'intime emmêlement du mythe et de la vie. C'est également à cette époque qu'elle traduit, avec Constantin Dimaras, les poèmes de Constantin Cavafis qui paraîtront en volume en 1958, précédé d'une présentation critique par Marguerite Yourcenar.

Février 1937 — Marguerite Yourcenar se rend à Londres pour y rencontrer Virginia Woolf, dont elle a accepté de traduire pour Stock le roman The Waves, paru en français la même année. C'est aussi en février 1937 qu'elle fait la connaissance à Paris de Grace Frick, qui l'accompagnera en Grèce et en Italie et qui deviendra par la suite, pour de longues années, une compagne de vie et une admirable traductrice en langue anglaise. En septembre, Marguerite Yourcenar s'embarque pour les États-Unis, passe l'hiver à New Haven (Connecticut) et se familiarise avec la Nouvelle-Angleterre et certains États du sud où s'amorce son intérêt pour les negro spirituals.

1938 — Marguerite Yourcenar rentre des États-Unis à Capri où elle entreprend et compose en quelques semaines Le Coup de Grâce, publié en 1939 par Gallimard. En octobre, elle fait durant un séjour à Vienne l'expérience de l'Autriche sous la domination nazie et de certains aspects de la tragédie juive.

Novembre 1939 — Quelques séjours en Floride, en Géorgie, en Virginie et au Canada. Nombreuses visites à New York où se rencontrent André Breton, Max Ernst, Jules Romains, Jacques Schiffrin, Igor Stravinsky, Yves Tanguy et quelques autres.

Décembre 1950 — Marguerite Yourcenar, installée depuis peu avec Grace Frick dans leur résidence de l'île des Monts-Déserts « Petite Plaisance », nouvellement acquise, termine Mémoires d'Hadrien dont la genèse date des années 1920. Le livre est couronné par le Prix Femina-Vacaresco et par l'Académie française en 1952. Paru en 1954 aux États-Unis, Mémoires d'Hadrien reçoit en 1955 le Newspaper Guild of New York Page One Award.

1954-1955 — L'année 1954 la ramène à Paris, puis en Scandinavie. Retour aux États-Unis en été 1955. Comme dans les années précédentes, et jusqu'en 1965 environ, ses voyages donnent lieu à un certain nombre de conférences ou de rencontres dans les Instituts français.

1958 — À partir des années 1955-1958, Marguerite Yourcenar, de plus en plus préoccupée des fautes et des maux de la société contemporaine, adhère tant en Europe qu'aux États-Unis à de nombreux groupements de défense des droits civiques, de lutte en faveur de la paix, contre la prolifération nucléaire, contre la surpopulation et pour la protection du milieu naturel. Les allusions à ces sujets deviennent de plus en plus fréquentes dans ses ouvrages ; et quelques articles de journaux ou déclarations signalent désormais cette orientation.

1962-1965 — Parution du recueil d'essais Sous bénéfice d'inventaire, comprenant la plupart des essais composés depuis 1954. Ses traductions de negro spirituals sont publiées en 1964 sous le titre Fleuve profond, sombre rivière.

Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au noir, Gallimard, 1968. Reprix en « Folio » en 1976.

Édition « Folio » de L'Œuvre au noir,
prix Femina 1968.

1962-1968 — Rédaction et mise au point de la première partie de L'Œuvre au noir, « La Vie errante ». En mars 1964, Marguerite Yourcenar entreprend à Salzbourg la seconde partie du roman, « La Vie immobile ». Elle se consacre alors exclusivement à ce livre qu'elle achève en août 1965. Paru au printemps 1968 en pleine crise, L'Œuvre au noir reçoit le plus large accueil. En novembre, son auteur est récompensé par le Prix Femina.

1969 — Marguerite Yourcenar prononce quelques conférences dans diverses villes des États-Unis, entre autres à Boston, sur « L'imagination créatrice », et à Smith College, à Northampton, à l'occasion du centenaire de la naissance d'André Gide. Publication de Présentation critique d'Hortense Flexner suivi de Choix de poèmes.

1970 — L'Académie royale belge de langue et de littérature française élit Marguerite Yourcenar à titre étranger.

1971 — Marguerite Yourcenar reçoit la légion d'honneur. L'achèvement de Souvenirs pieux (Le Labyrinthe du monde, I) paru en 1974, la rédaction d'Archives du Nord (Le Labyrinthe du monde, II), paru en 1977, et une dernière mise au point de ses traductions de La Couronne et la Lyre, parues en 1979, l'occupent tour à tour. Un certain nombre d'essais sont également écrits ces années-là, dont Ton et langage dans le roman historique (1972) et Jeux de miroirs et feux follets (1975).

1974 — Grand Prix national de la culture.

1977 — Grand prix de l'Académie française.

18 novembre 1979 — Mort de Grace Frick à « Petite Plaisance ».

1980-1985 — Nombreux voyages aux États-Unis, en Europe, en Afrique (Afrique du Nord, Kenya) et en Asie (Japon, Asie du Sud-Est, Inde) en compagnie de Jerry Wilson.

22 janvier 1981 — Réception à l'Académie française (Marguerite Yourcenar a préparé son discours de réception par une lecture de l'œuvre complète de Roger Caillois l'été précédent). En octobre 1981 paraît l'essai Mishima ou la vision du vide, fruit de quelques années de lecture de l'œuvre du grand écrivain japonais et de la littérature japonaise en général. Publication en novembre d'Anna, soror en tiré à part.

1982 — L'Académie américaine des Arts et des Lettres élit comme membre Marguerite Yourcenar. Au cours d'une traversée entre San Francisco et Yokohama, cette dernière termine la traduction du Coin des « Amen » de James Baldwin, paru en mars 1983.

5 octobre1983 — Marguerite Yourcenar se rend à Amsterdam pour y recevoir le Prix Erasme. À Paris, mi-novembre, elle figure dans le documentaire télévisé Saturday Blues de Jerry Wilson, réalisé durant l'été en Arkansas, en qualité de commentatrice.

1984 — Publication de la traduction des Cinq Nô modernes de Mishima, ainsi que des Charités d'Alcippe, paru hors commerce en 1956 sous forme de plaquette, et augmenté d'un assez grand nombre de poèmes, rassemblant toute la production poétique dont elle souhaite garder trace. Publication, enfin, de Blues et Gospels, recueil de textes traduits et présentés par Marguerite Yourcenar, et illustré de photographies de Jerry Wilson.
 
24-28 février 1986 — Bref séjour à New York pour recevoir l'insigne de commandeur de la Légion d'honneur, en même temps que la médaille d'or du National Art Club.

Volumes Yourcenar

Yourcenar dans la Pléiade :
Œuvres romanesques (1982)
et Essais et mémoires (1991).

2 décembre 1986 — Départ pour Paris. Travaux avec Yannick Guillou, de la maison Gallimard, ami à qui Marguerite Yourcenar a confié la première moitié de Quoi ? L'Éternité (Le Labyrinthe du monde, III) — lequel paraît en 1988 ; préparation de l'album La Voix des choses, textes anciens et modernes, de type poétique ou mystique, avec illustration de Jerry Wilson. Travail avec le cinéaste André Delvaux, dont Marguerite Yourcenar accepte le scénario de L'Œuvre au noir.

17 décembre 1987 — Mort de Marguerite Yourcenar. Le service funèbre est célébré le 16 janvier 1988 à la Union Church de Northeast Harbor. Ses cendres, ensevelies plus tôt, reposent dans le cimetière de Somesville.

D'après les Œuvres romanesques de Marguerite Yourcenar, dans « La Bibliothèque de la Pléiade ».

Indications bibliographiques

Œuvres de Marguerite Yourcenar au Éditions Gallimard 

Correspondances

Marguerite Yourcenar dans La NRF

© Éditions Gallimard