Sélection thématique

Prix Renaudot

Créé en 1926, le prix Théophraste-Renaudot a récompensé dix-huit ouvrages publiés aux Éditions Gallimard, parmi lesquels La Table-aux-crevés de Marcel Aymé en 1929, Le Procès-verbal de J.M.G. Le Clézio en 1963, La Place d’Annie Ernaux en 1984, Chagrin d’école de Daniel Pennac (2007) et, dernièrement, Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga (2012), Charlotte de David Foenkinos (2014) et La Panthère des neiges de Sylvain Tesson (2019).

«– Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J’y retourne cet hiver, je t’emmène.
– Qui est-ce ?
– La panthère des neiges. Une ombre magique !
– Je pensais qu’elle avait disparu, dis-je.
– C’est ce qu’elle fait croire.»
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une œuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en…
Au Rwanda, un lycée de jeunes filles perché sur la crête Congo-Nil, à 2 500 mètres d’altitude, près des sources du grand fleuve égyptien. Les familles espèrent que dans ce havre religieusement baptisé Notre-Dame du Nil, isolé, d’accès difficile, loin des tentations de la capitale, leurs filles parviendront vierges au mariage négocié pour elles dans l’intérêt du lignage. Les transgressions menacent au cœur de cette puissante et belle nature où par ailleurs un rigoureux quota «ethnique» limite à…
Chagrin d’école, dans la lignée de Comme un roman, aborde la question de l’école du point de vue de l’élève, et en l’occurrence du mauvais élève. Daniel Pennac, ancien cancre lui-même, étudie cette figure du folklore populaire en lui donnant ses lettres de noblesse, en lui restituant aussi son poids d’angoisse et de douleur.
Baptiste raconte son étrange amitié pour Vincent. Dès les années de collège, ils sont à l’opposé l’un de l’autre. Baptiste, qui ignore le désir charnel, accorde une importance mystique au ciel, cette voûte infinie au-dessus de nous, parce que la terre lui inspire la solitude, le désordre et le doute. Vincent, lui est attiré par les deux mondes : terrestre et céleste. Il aime les femmes mais on dirait qu’il ne sait comment mener son existence. Pourtant, Baptiste et Vincent sont plus qu…
Jacmel (Haïti) en 1938, à l’époque des réjouissances du Carnaval. Patrick Altamont, le jeune narrateur, nous conte deux événements qui se produisent en simultané : d’abord la fin de sa très chère marraine Germaine Villaret-Joyeuse, puis les noces de l’éblouissante Hadriana Siloé, laquelle tombe raide morte au pied de l’autel à la minute où elle prononce le oui sacramentel.
Mais nous sommes en pays vaudou où le rituel des métamorphoses permet de mêler les horreurs de la mort aux rires de la fête…
José, jeune Portugais, homme à tout faire dans un hôtel, prostitué à l’occasion, voudrait conquérir l’Amérique, celle des films, des westerns, pour l’offrir à Marie, la petite bonne qui l’aime d’un amour craintif, prête à le suivre jusque dans la mort. Autour d’eux gravitent les figures tutélaires (et dérisoires) de leur destin : Jacques, l’écrivain, un ancien protecteur de José ; la «baronne», gérante de l’hôtel, séduite par la jeunesse du garçon ; le père de Marie qui, veuf inconsolable…
« J’écris peut-être parce qu’on n’avait plus rien à se dire. »

Le père d’Annie Ernaux est mort l’année où elle a été reçue au CAPES de lettres modernes. Ancien garçon de ferme, puis ouvrier, il tenait un café-épicerie à l’écart du centre dans une petite ville de Normandie.
Plusieurs années après, habitée par un sentiment de trahison, elle entreprend le récit de cette vie « soumise à la nécessité ». En même temps, elle décrit ce monde dans lequel elle a grandi, un monde « où tout coûte cher », où l…
La ville d’Aliahova qui a porté à son comble les raffinements de la civilisation est atteinte par un mal insidieux qui la détache de sa propre histoire et des croyances qui avaient fait sa splendeur, comme si la vie, parvenue au point extrême de son accomplissement, se tournait contre soi. L’amour les yeux fermés, c’est celui du narrateur envoûté par cette ville et qui va en partager le destin, c’est aussi sa passion pour la mystérieuse Deborah qui a juré de ne pas abandonner Aliahova jusqu’à la…
«La cuisine était propre. Au milieu, l’Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou. De grand matin, courbée sur son cuveau, elle avait entrepris de buander le linge. Au soir, elle avait eu envie de mourir, tout d’un coup, comme on a soif. L’envie l’avait prise au jardin, pendant qu’elle arrachait les poireaux pour la soupe.»

Livres publiés aux Editions Gallimard ayant obtenus le Prix Renaudot.