Tout Rome a tremblé

. L'affaire Montesi
Trad. de l'anglais (États-Unis) par André Cubzac
Collection L'Air du Temps
Gallimard
Parution
C'est l'Italie, vue à travers l'affaire Montesi, dont Melton S. Oavis fait une étude minutieuse et pittoresque, approfondie et bouleversante.
Au matin du 11 avril 1953, alors que l'Italie émergeait du chaos de la dictature et de la guerre, on découvrait, sur une plage déserte, le corps inanimé d' une jeune fille ; et Rome, rasée par les tremblements de terre et les incendies, dévastée par les invasions et les guerres civiles, rebâtie inlassablement à travers les siècles, Rome de nouveau trembla et, avec elle, toute la péninsule qui n'a jamais cessé d'être romaine. La vie quotidienne de 48 millions d'Italiens en fut affectée ; la nation, divisée en factions fanatiques, hantée par la question de savoir qui encore serait inculpé le lendemain dans «l'affaire du siècle», se prit à exiger tour à tour la clémence, la vengeance, la politique de l'aveuglement, celle de la vérité à tout prix.
Le diplomate, la prostituée, le sacristain de village, les membres de l'entourage de Pie XII, le mendiant, l'aristocrate et jusqu'aux plus hauts personnages de l'État se trouvèrent pris dans l'impitoyable faisceau des projecteurs. Les répercussions sur la politique intérieure et étrangère, économique et sociale, prirent une telle ampleur, ébranlèrent à ce point les structures mêmes de l'Italie soulevée par une vague de passion telle qu'elle en connut peu au cours de son histoire, que le monde entier put craindre de la voir sombrer au moment même où elle offrait les signes certains d'un renouveau de son génie créateur.
Mais rien n'étant jamais ni aussi bon ni aussi mauvais qu'on le croit, c'est sans doute à l'affaire Montesi, pour douloureuse que fut, à l'époque, la crise qu'elle déclencha, que l'Italie doit la prise de conscience de la nation toute entière et d'avoir, sous l'impulsion du président Gronchi, mis de l'ordre dans sa maison. Tel est le sens de la conclusion de l'auteur.