Tête-à-tête
Collection Blanche
Gallimard
Parution
C'est ici un drame de la solitude qu'évoque, dans la pure tradition du roman psychologique, Georges Brissac. Quand Gérard avait vingt-sept ans, il donnait des répétitions de latin à Dominique, la fille de sa meilleure amie. Dominique avait treize ans. «La bouche ouverte, les yeux pleins d'une extase qu'aucune pudeur n'essayait de masquer, elle levait vers lui une figure qui commençait à s'affiner et se blottissait contre lui dans toute la mesure où le permettaient sa chaise et sa copie.» Ce sentiment de la petite fille, aussi inconscient que tendre, s'affirme plus tard, lorsque naît la féminité de Dominique, et toutes les pensées, toutes les paroles et tous les gestes de la jeune fille sont alors tendus vers un seul but : se faire aimer de Gérard. Elle y arrive. Elle devient sa maîtresse, puis sa femme. C'est alors qu'après un court moment d'entente se montrent, dans le calme vide du bonheur qu'on croit atteint, les divergences de caractère et de comportement qui ne font que s'accentuer jusqu'à faire de ce couple «deux êtres vivant côte à côte pour des raisons qui, toutes, étaient mortes, sans parvenir, ni l'un ni l'autre, à l'ignorer». Après deux ans de mariage, Dominique part définitivement, laissant Gérard dans une solitude
désespérée.