Rhapsodie

Les héros de Rhapsodie sont des personnages qui, à la fois, nous semblent très familiers et très étranges. Cela vient sans doute de ce que leurs actes – qui sont les actes les plus simples, les actes de tous les jours – sont présentés dans leurs mobiles, ou dans leur absence de mobiles. Ainsi, ces personnages agissent, semble-t-il, librement, et avec aisance ; et puis le lecteur découvre que cette aisance n'est rien d'autre que celle que donne l'habitude de vivre - qu'elle ne procède d'aucune libre détermination, d'aucun parti pris.
En mettant ainsi l'accent d'une part sur l'automatisme de beaucoup de nos réactions, d'autre part sur l'indifférence où sont la plupart des hommes à l'égard des motifs comme des conséquences de leurs actes. Arthur Frasne éclaire les problèmes psychologiques et moraux d'une manière qui lui est personnelle. Et de là que ses personnages tantôt ressemblent à des hommes – avec toute l'effrayante complexité que cela suppose, – et tantôt à des pantins, obéissant passivement à une mécanique qui leur est intérieure et de quoi ils n'ont pas conscience.
L'action – très simple – de ce roman se situe aux confins de la Bourgogne et de la Franche-Comté, dans une région dont l'auteur de Rhapsodie a profondément senti la poésie, et ce qu'elle a de mystérieusement attirant.