Qui ne souffre pas...
. Réflexions sur le problème social
Collection Éditions originales
Gallimard
Parution
Une des caractéristiques principales d'un grand esprit est probablement la capacité de porter son attention sur les sujets les plus disparates et d'y prononcer des jugements d'une égale valeur. C'est là une observation qui, si elle ne nous fournit pas une règle absolue, peut cependant être trouvée exacte en ce qui concerne Claudel. En effet, son œuvre de poète pourrait nous donner à penser qu'il était loin des problèmes pratiques de la vie et de l'extension que prennent ces problèmes lorsque nous les appelons «sociaux». Sans doute y eut-il ce qu'on pourrait appeler des «spécialistes» de ces sortes de problèmes? Ceux que pour cette raison on appelle des sociologues. Mais ces derniers, qui sont souvent aussi des sortes de poètes, ne possèdent que rarement cette universalité de l'esprit que nous pouvons constater chez Claudel. Universalité qui, dans le court ouvrage que nous proposons au public, ne se révèle pour ainsi dire que par quelques touches, mais des touches données avec une incomparable sûreté de main. Il jette comme en passant un coup d'œil sur certains des plus graves problèmes de notre temps, et d'un seul coup y projette des points de lumière. C'est du moins ce dont nous assure, dans ses commentaires, M. Hyacinthe Dubreuil, auteur d'ouvrages relatifs à l'organisation du travail et à l'intégration des travailleurs à l'entreprise. D'après lui, Claudel, sociologue amateur – diplomate par profession, ne dit-iI pas lui-même qu'il fut un poète amateur? – apporte à des questions qui sont toujours actuelles la contribution du génie.