Poétique de Saint-John Perse
Nouvelle édition revue et augmentée en 1972
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Cet ouvrage s'écarte tout autant de la critique érudite que des exégèses inspirées qui aperçoivent dans la poésie une révélation de nature et de portée presque surhumaines. En effet, je ne recherche ni les influences, ni les sources. Je ne me soucie pas non plus des détails de la vie de l'auteur. J'ignore délibérément s'il aima, s'il souffrit, s'il se désespère. Je ne veux ni savoir ni conjecturer ce qu'il lut, pour en identifier la postérité dans ce qu'il écrivit. J'ose ne m'intéresser qu'à son art. En somme cette étude s'occupe de l'œuvre, et de l'œuvre seule. Elle fait à peu près comme si l'auteur n'existait pas. J'ai résumé mes prétentions et mes préjugés dans les lignes suivantes que j'extrais de la préface :
"Je ne me penche pas sur les abîmes. Je réfléchis sur l'emploi de l'article ou de l'adverbe. Cette démarche est plus modeste, par conséquent plus sûre, encore qu'elle puisse conduire tout doucement aux abîmes, mais justement elle y conduit, et n'y précipite pas d'un coup, assez vainement... La première partie de l'ouvrage est ainsi presque exclusivement grammaticale.
J'ai apporté le même souci de précision à l'examen du système des rythmes, échos et repères ; à l'analyse des substitutions de sons ou de sens, à l'aide desquels fut obtenu un texte d'un grain exceptionnel et d'une rare densité poétique...
Je me suis occupé ensuite de l'image, avec le même scrupule, et enfin de l'originalité essentielle de cette poésie, des partis pris fondamentaux qu'elle suppose, de l'alchimie verbale dont elle use pour élever le réel à la dignité poétique..."
Tel qu'il est, cet ouvrage constitue peut-être une des dernières protestations en faveur de l'art d'écrire en voie de disparition, non pas faute d'offre et de savoir (du côté des auteurs), mais faute d'intérêt et de demande (du côté des lecteurs).»
Roger Caillois.
"Je ne me penche pas sur les abîmes. Je réfléchis sur l'emploi de l'article ou de l'adverbe. Cette démarche est plus modeste, par conséquent plus sûre, encore qu'elle puisse conduire tout doucement aux abîmes, mais justement elle y conduit, et n'y précipite pas d'un coup, assez vainement... La première partie de l'ouvrage est ainsi presque exclusivement grammaticale.
J'ai apporté le même souci de précision à l'examen du système des rythmes, échos et repères ; à l'analyse des substitutions de sons ou de sens, à l'aide desquels fut obtenu un texte d'un grain exceptionnel et d'une rare densité poétique...
Je me suis occupé ensuite de l'image, avec le même scrupule, et enfin de l'originalité essentielle de cette poésie, des partis pris fondamentaux qu'elle suppose, de l'alchimie verbale dont elle use pour élever le réel à la dignité poétique..."
Tel qu'il est, cet ouvrage constitue peut-être une des dernières protestations en faveur de l'art d'écrire en voie de disparition, non pas faute d'offre et de savoir (du côté des auteurs), mais faute d'intérêt et de demande (du côté des lecteurs).»
Roger Caillois.