Plus loin

Dans un petit village des Cévennes à Sauve, un vieillard, Jacques Blanche, fait la classe aux enfants. Il leur lit parfois les passages d'un livre qu'il a composé pour eux en espérant qu'ils comprendront l'idée profonde qui se dégage de son œuvre. «Les aventures d'un mendiant qui passe dans tous les pays mais qui trouve chez tous les hommes de la terre la même connaissance du cœur...» Autour de lui des Cévenols fermés et durs qui ne peuvent le comprendre.
Paysages des Cévennes et de l'Aigoual – guarrigues sèches – villages inhospitaliers dans une atmosphère grise. Plus loin la mer infinie, les pays inconnus, les terres douces de la Provence vers lesquelles se tournent parfois les regards inquiets du vieux. C'est au moment même de sa mort que le vieux Blanche apprend par une lettre de son fils, lieutenant de l'Armée du Salut en Argentine, que son livre lu par hasard à une jeune fille émigrée des États-Unis l'a rendue rêveuse pendant toute une soirée.
Cette jeune fille, May, a pu enfin comprendre la grande idée humaine qui se dégage de l'œuvre. Elle en parle au fils du vieux Blanche qui l'écoute, ironique devant son intérêt pour des histoires d'enfants. Elle se détourne vite de lui. C'est un doctrinaire sans forces qu'effarouche la vie et qui recule devant sa beauté et toutes ses manifestations.
Paysages larges et radieux d'Argentine sous un soleil éblouissant. Et May dont le cœur a été déçu autrefois parce qu'elle exigeait trop de la vie ne veut plus qu'admirer, puisque «dans toute admiration il y a une part d'amour». – Elle reprend l'idée du vieux Blanche et elle explique le livre d'images aux enfants des émigrants argentins. – À son tour son regard se tourne vers des terres plus lointaines. C'est alors seulement qu'elle découvre la beauté du monde et, pour la première fois, la douceur du printemps.