Palais de cendre

Collection Blanche
Gallimard
Parution
Pendant l'exode de juin 1940, dans l'ouest de la France, une jeune femme, Catherine, après avoir quitté Paris, s'est réfugiée dans la maison familiale déjà abandonnée de ses habitants, bien décidée à ne pas prolonger son voyage. Un homme la cherche dans ce crépuscule hanté par la voix de la déroute. C'est Martin Lisabey, un ami avec lequel elle n'est pas particulièrement liée. Il passe la nuit sous son toit et, le lendemain, il la décide à quitter la maison où les Allemands seront à leur tour quelques heures plus tard.
À Marseille, ils se retrouvent presque tous les jours. Un soir, Martin demande à Catherine un baiser ; elle accepte. Et c'est le commencement de l'amour. Mais déjà l'opposition des deux natures se révèle. À l'amour envahissant, total, de Catherine, Martin oppose légèreté et réticence : marié, il ne peut lui donner son nom ni beaucoup de son temps ; ses séjours sont coupés de longues absences sur lesquelles il ne s'expliquera jamais. Et Catherine essaiera, par-delà ses doutes et sa jalousie, de recréer dans la solitude l'homme décevant auquel elle s'est liée. Ainsi s'écoulent les années de l'occupation, coupées de drames tels que le sabordage de la flotte à Toulon, mais toujours dominées et transfigurées par l'amour. Un jour Martin disparaît pour ne plus revenir. Catherine devine, quoiqu'il ne lui ait fait aucune confidence, qu'il est étroitement mêlé aux événements politiques dont dépend l'avenir du monde. Elle l'attendra encore, sera aimée par un autre homme qu'elle désespérera à son tour par sa réticence et ses faux-fuyants. Appelée à Paris par une lettre ambiguë, elle arrivera trop tard. Martin s'est suicidé à la veille du débarquement pour échapper à la police allemande dont l'étau se resserrait sur lui. Un mot qu'elle trouvera à son retour à Marseille lui apprendra que, malgré son insouciance et son silence, Martin n'a pas cessé de l'aimer.
Ce récit simple, dépouillé, est l'analyse d'un amour total que n'entament ni les apparences contraires, ni la pire ennemie de l'amour : la solitude.
Lire un extrait