Œuvres complètes
Édition et trad. par Bernard Pautrat. Avec la collaboration de Dan Arbib, Frédéric de Buzon, Denis Kambouchner, Peter Nahon, Catherine Secretan et Fabrice Zagury
Gallimard
Parution
Composé de traductions nouvelles ou récentes, ce volume établit sur de nouvelles bases le corpus des Œuvres complètes de Spinoza et y ajoute des appendices substantiels qui apportent un précieux éclairage sur une trajectoire intellectuelle sans équivalent.
Malgré la difficulté de son « ordre géométrique », l’Éthique, œuvre majeure de Spinoza, publiée posthume en 1677 et qui éclipse si souvent les autres traités, fascine. Comment, après avoir acquis la langue des lettrés, un latin sûr et précis, une bonne culture classique, ainsi que les outils conceptuels de Descartes, ce jeune Juif de la communauté portugaise de Hollande, frappé en 1656 par un anathème rabbinique, en vient-il à quitter la voie cartésienne et à tracer son propre chemin ?
Le Traité de l’amendement de l’intellect et le Court traité (1661 ?) aident à le comprendre.
Spinoza y énonce déjà ce qui sera son fil conducteur : « rechercher s’il y aurait quelque chose qui fût un vrai bien », « qui pût se partager » et qui permette de jouir « d’une joie continuelle et suprême pour l’éternité ». Si la « manière géométrique », à laquelle il s’essaie dans les Principes de la philosophie de Descartes (1663), s’impose à lui, c’est qu’on ne démontre que le vrai, qui du même coup démontre que le faux est faux. L’homme pense, et il existe un moyen de le faire penser à coup sûr dans un certain sens : démontrer.
Avec le Traité théologico-politique (1670), Spinoza devient du jour au lendemain le prototype haï de « l’athée méchant homme », car s’il fait de l’« union en Dieu » la seule voie de la béatitude, son Dieu se distingue radicalement de celui qui n’est qu’un outil de pouvoir servant à manœuvrer le peuple par l’espérance et par la crainte, et à le tenir ainsi assujetti.
L'Éthique, qui met le salut à portée de main, via l’intelligence, n’arrangera rien : théologiens et philosophes, comprenant qu’elle n’est qu’une autre bible, sans majuscule, s’emploieront dans toute l’Europe à en réfuter la doctrine — non sans se laisser parfois séduire par elle, chemin faisant.
La béatitude est une affaire privée, mais la concorde générale, la société heureuse, dépendent de conditions tout autres. Elles seront l’objet du Traité politique, resté inachevé, mais complément indispensable de l’Éthique.
Le Précis de grammaire de la langue hébraïque, œuvre posthume et inachevée du philosophe, révèle la figure méconnue d'un Spinoza grammairien.
Malgré la difficulté de son « ordre géométrique », l’Éthique, œuvre majeure de Spinoza, publiée posthume en 1677 et qui éclipse si souvent les autres traités, fascine. Comment, après avoir acquis la langue des lettrés, un latin sûr et précis, une bonne culture classique, ainsi que les outils conceptuels de Descartes, ce jeune Juif de la communauté portugaise de Hollande, frappé en 1656 par un anathème rabbinique, en vient-il à quitter la voie cartésienne et à tracer son propre chemin ?
Le Traité de l’amendement de l’intellect et le Court traité (1661 ?) aident à le comprendre.
Spinoza y énonce déjà ce qui sera son fil conducteur : « rechercher s’il y aurait quelque chose qui fût un vrai bien », « qui pût se partager » et qui permette de jouir « d’une joie continuelle et suprême pour l’éternité ». Si la « manière géométrique », à laquelle il s’essaie dans les Principes de la philosophie de Descartes (1663), s’impose à lui, c’est qu’on ne démontre que le vrai, qui du même coup démontre que le faux est faux. L’homme pense, et il existe un moyen de le faire penser à coup sûr dans un certain sens : démontrer.
Avec le Traité théologico-politique (1670), Spinoza devient du jour au lendemain le prototype haï de « l’athée méchant homme », car s’il fait de l’« union en Dieu » la seule voie de la béatitude, son Dieu se distingue radicalement de celui qui n’est qu’un outil de pouvoir servant à manœuvrer le peuple par l’espérance et par la crainte, et à le tenir ainsi assujetti.
L'Éthique, qui met le salut à portée de main, via l’intelligence, n’arrangera rien : théologiens et philosophes, comprenant qu’elle n’est qu’une autre bible, sans majuscule, s’emploieront dans toute l’Europe à en réfuter la doctrine — non sans se laisser parfois séduire par elle, chemin faisant.
La béatitude est une affaire privée, mais la concorde générale, la société heureuse, dépendent de conditions tout autres. Elles seront l’objet du Traité politique, resté inachevé, mais complément indispensable de l’Éthique.
Le Précis de grammaire de la langue hébraïque, œuvre posthume et inachevée du philosophe, révèle la figure méconnue d'un Spinoza grammairien.