Œuvres complètes - Jean Paulhan
Jean Paulhan
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Œuvres complètes

, tome IV
 : Critique littéraire, I
Édition de Bernard Baillaud
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Le quatrième et le cinquième tome des Œuvres complètes de Jean Paulhan se présentent comme le lexique des auteurs auxquels l’écrivain a consacré un texte propre. Ce premier volume mène des lettres A à R, c’est-à-dire d’Alain à Rimbaud. C’est aller du plus littéraire des philosophes au plus éruptif des poètes. Entre eux, l’alphabet le veut, il y a Dominique Aury et Roland Barthes, Louis-Ferdinand Céline, Charles-Albert Cingria et Roger Gilbert-Lecomte, Franz Hellens et Marcel Lecomte, Roger Martin du Gard, Rainer Maria Rilke enfin. S’en tenir là serait oublier Jean Arabia et Antonin Artaud, Joe Bousquet et André Breton, Roger Caillois et René Char, Paul Éluard et Félix Fénéon, Jean Genet et Henri Michaux. Et cent autres.
Jean Paulhan ne veut connaître que deux manières de parler de la littérature : il parle de l’absolu ou des individus. D’un côté il y a le langage, de l’autre les amis. Entre les deux, nul moyen terme. Jamais, presque jamais, il ne parle du roman, de la poésie ou du théâtre, du tragique ou du lyrisme, c’est-à-dire des notions intermédiaires : autant de termes qui dénonceraient le spécialiste.
De chacun, que peut-on dire? Une part de la critique littéraire relève de la galerie de portraits, ce qu’en d’autres temps on aurait appelé une prosopographie. Un propos, un poème, une page de roman sont moins des exercices de genre que les témoignages et les preuves d’une relation au langage. Un visage, c’est encore une relation au langage qui se dessine. Un ami, c’est une expérience qui requiert un témoin. Ce n’est pas un pion à favoriser sur un échiquier social, c’est une relation au langage à protéger.
On discernera plusieurs générations. Alain le philosophe, Gide le descendant des héros anciens, Valéry l’esprit. Certains ont eu leur audience, d’autres leur aura. Jean Paulhan ne s’intéresse guère à ceux qui ont déjà eu leur part de gloire. Parmi les vivants d’aujourd’hui, Pierre Oster et Michel Deguy, Jacques Roubaud et Philippe Jaccottet ont bénéficié de son suffrage, lors de prix littéraires. Jean Paulhan n’écrit pas toujours sur eux. Mais tous ont en commun le langage et c’est de chacun qu’il s’agit.

« II ne s'agit pas à proprement parler de "critiques littéraires". Pas de jugements, mais des propos distanciés, ironiques et intimes ; ce fin lecteur et formidable éditeur, toujours à la recherche de "l'unique", se refuse à figer toute forme de littérature dans "un idéal intemporel", écrit Bernard Baillaud. On trouvera des notes de lecture, des minutes de procès (Sade), de savoureux entretiens et des textes très élaborés. » Alain Dreyfus, Le Nouveau Magazine littéraire, octobre 2018.

« Toujours menacée de verser dans la promotion ou de paraître, rétrospectivement, aveugle à la nouveauté, la critique est une activité délicate qui se justifie avant tout par sa hauteur de vue et par l'alacrité d'un style : Jean Paulhan en fut l'un des grands praticiens et le plus ardent défenseur. » Jean-Louis Jeannelle, Le Monde des livres, 6 juillet 2018

« Paulhan est un homme qui, avant de porter un jugement, examine tous les aspects d'une question. Et donc d'une œuvre. Et donc d'un écrivain. Comment imaginer que les instruments de la critique ne fussent pas eux-mêmes objet d'un examen critique ? "II ne faut rien négliger ou mépriser car les pauvretés, les manques, les erreurs, les défauts font partie de la littérature", avait un jour souligné Paulhan. Bien sûr, comme il le note lui-même avec drôlerie, il s'est vu souvent reprocher de couper les cheveux en quatre : il songea même à faire inscrire ce reproche en guise d'épitaphe ! Mais attention, chez Paulhan le masque de l'espièglerie cache une dimension existentielle, parfois tragique... » Patrick Kéchichian, La Croix, 5 juillet 2018

« Les centaines de textes critiques qu[e Paulhan] a produits constituent une réflexion sans fin sur l'essence du geste littéraire, ce "lent, patient, maladroit effort qui déplace, à force de ténacité, les obstacles, les rochers et la terre inerte de l'expression". » Nathalie Crom, Télérama, 30 juin 2018.

« "Il y aurait beaucoup à dire sur la pratique de la citation par Jean Paulhan", écrit Bernard Baillaud dans sa préface. D'une certaine façon, l'auteur s'amuse de tout. Ce n'est jamais à proprement parler inexact, mais ce n'est non plus jamais ainsi que qui que ce soit d'autre aurait abordé le sujet. Note de lecture de L'Étranger, en 1941 : "Qu'un roman dont le sujet est à peu près : 'M. est exécuté pour être allé au cinéma le lendemain de la mort de sa mère' soit vraisemblable, et, ce serait peu, passionnant, cela suffit. C'est un roman de grande classe qui commence comme Sartre et finit comme Ponson du Terrait. À prendre sans hésiter." » Mathieu Lindon, Libération, 30 juin 2018.

« Ici défile la vie littéraire française avec ses bonheurs et ses polémiques, et transparaît le cœur de la pensée de Paulhan, son intérêt sincère et empathique pour la création [...] Au-delà des hommages, des coups de cœur et des énervements, au fil des pages on a l'impression d'assister a une master class. Paulhan témoigne de la littérature en train de se faire et semble être a la tête d'une pépinière d'auteurs qu'il couve et observe. L'auteur des Fleurs de Tarbes ou La terreur dans les lettres ne commente les romans que pour mieux réfléchir a ce qu'est l'écriture. » Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles, 27 juin 2018.

« Paulhan ressemble à un rongeur de nuit, connaissant les coursives, les pièges, la mystérieuse condition de l’être parlant. [...] Certainement ce qu’on peut lire aujourd’hui de plus "ancien", à la manière du diamant qui continue de couper après vingt mille ans. » Michel Crépu, La NRF, novembre 2018.

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