Liberté provisoire

suivi d' Amitié
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Amitié pourrait tout aussi bien s'appeler N'avouez jamais ou La dangereuse confidence. Il s'agit de deux jeunes hommes, amis d'enfance : l'un se marie, et l'autre ne tarde pas à devenir amoureux de la jeune femme – ou du moins il le croit ; – et surtout, il a le tort de l'avouer à son ami, avant de partir pour lutter contre ce qu'il croit être une passion. Car si l'amoureux avoue, le mari ne tarde pas à parler, et l'épouse à savoir. Elle ne tardera pas non plus à voir clair en elle-même. Ou croire y voir clair. Elle sera amoureuse à son tour, alors que l'autre n'aimera plus. Le mari deviendra jaloux quand il n'aura plus rien à craindre et amènera la catastrophe...

Georges Feydeau à qui on demandait comment il s'y prenait pour construire et faire rebondir l'action de ses fameux vaudevilles, répondit un jour :
– C'est bien simple : lorsque deux personnages, selon toute logique et toute vraisemblance, ne doivent pas se rencontrer, je m'efforce de les mettre aussitôt en présence.
Liberté provisoire n'est certes pas un vaudeville. On y voit cependant s'y rencontrer deux personnages que rien ne destinait à mettre l'un en face de l'autre. Choisis dans deux milieux différents, l'auteur s'est amusé à les mettre en présence, puis à les faire vivre côte à côte. Il s'est efforcé d'exprimer leurs sentiments, leurs réactions réciproques, sans préférence pour l'un ou pour l'autre. Lui, c'est un jeune révolté. Elle, c'est une jeune femme élégante et riche. Le procédé n'est pas nouveau. C'est un des thèmes essentiels de l'art dramatique. Et Victor Hugo a écrit sur celui-là une tragédie en vers, Hernani.
Le dessein de Michel Duran est plus modeste, il a voulu simplement amuser et aussi un peu émouvoir.