Les Violents

Collection Blanche
Gallimard
Parution
Quoique les deux personnages principaux des Violents soient les héros du Pari, le premier roman n'est pas à proprement parIer la suite du second. Sa destinée, en quelque sorte, est indépendante. Pauline et Robert sont mariés. Un conflit violent, et bientôt tragique, va les opposer, dont l'origine n'est point un désaccord sentimental. On dirait, à lire la plupart des romans, que seul l'amour passionnel soit capable de joindre et de disjoindre les êtres. Pourtant, il y a aussi les désaccords d'idées, les passions politiques. C'est au moment où Robert va chercher dans l'activité industrielle une sorte de justification morale que Pauline s'aperçoit de l'abîme qui sépare leurs opinions sociales. Mais une femme, aujourd'hui, semble n'avoir pas encore le droit de faire respecter l'indépendance de son action. Une bourgeoise semble n'avoir pas le droit de fréquenter un ouvrier sans qu'aussitôt on donne de ses démarches l'interprétation la plus banale, la plus mesquine ; sans qu'on la force, pour ainsi dire, à agir comme on avait crû d'abord qu'elle agissait. Une fois de plus on verra, dans Les Violents, la catastrophe naître de la bonne volonté, et la société l'emporter sur l'individu. Cette lutte d'une femme passionnée contre l'opinion publique se déroule dans une action pressée, serrée, violente, fertile en péripéties, et pour ainsi dire muette, l'auteur ayant voulu laisser au lecteur le soin des commentaires.
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