Les Langes

Collection Blanche
Gallimard
Parution
L'univers dans lequel nous introduit ce premier livre de Forestier est, en apparence, l'univers le plus quotidien, le plus banal qui soit : ces ménages bourgeois qui unissent avec émotion leurs rejetons, – ce passager amour d'Adrien pour Gisèle et ses funestes conséquences, – ces drames et ces accommodements qui marquent les débuts de la vie commune d'un jeune ménage, – quoi de plus ordinaire?
D'où vient, cependant, l'épaisseur de l'atmosphère où ces êtres respirent? Et d'où tire son origine cette fine inquiétude, obsédante à la fin, qui, de page en page, accompagne le lecteur, et, le livre fermé, demeure? C'est que l'univers des Langes est, aussi, le plus clos qui soit. C'est que, à l'intérieur de cet univers clos, des êtres agissent, aiment, souffrent, les uns pour les autres, les uns par les autres, sans qu'existe jamais entre eux aucune vraie communication. Si parfois le dialogue, dans son apparente banalité, a une résonnance de dialogue entendu en rêve, c'est que ces gens se parlent et ne s'entendent pas, - de même qu'ils vivent sans se voir.
Et parfois, en un éclair, la communication semble possible, et sur le point de se faire. Mais il y faut la colère soudaine et presque folle, – mais vite apaisée, – d'un homme que l'on croyait faible ; il y faut l'amour ridicule, et qui n'aboutit pas, d'une femme âgée pour un homme âgé et à demi fou ; il y faut la décision de mourir prise par une jeune fille abandonnée. Comme si seuls les sentiments exaspérés et la folie pouvaient rompre cette dure gangue imperméable qui sépare les êtres.
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