Les Évadés du Paradis

. Chronique de la vie dans un kibboutz
Collection Blanche
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis 
1989
Pour ceux qui ne connaissent le jeune État d'Israël que de nom, le kibboutz (village collectiviste où tout, travaux et biens, est mis en commun) illustre une légende : celle de l'héroïsme des pionniers juifs rescapés du nazisme qui ont su reconstruire, en Israël retrouvé, un pays et une nation en y appliquant sans contraintes et sans dictature un socialisme qui fait l'admiration de tous.
Dina et Aldo, couple d'intellectuels venus de France, Sarah et Moché, Juifs de l'Inde issus d'un monde radicalement différent, sont admis comme membres dans le riche kibboutz de Gderoth Hamelekh. Mais, au lieu du paradis qu'ils espéraient trouver, ils se heurtent à un univers fermé aux parois rondes et lisses où chacun selon son tempérament essaie, douloureusement ou violemment, de se faire une place personnelle. Volonté de puissance et ambitions sociales trouvent dans cette communauté égalitaire des débouchés où elles peuvent s'affirmer. Les «nouveaux» sont les bienvenus au kibboutz ; ils n'en restent pas moins des étrangers dont on se méfie, car cette communauté n'est en réalité qu'un faisceau de solitudes. Les individus cherchent désespérément à communiquer avec leurs semblables et ne se sentent jamais aussi perdus que lorsqu'ils croient enfin avoir réussi à s'intégrer à la collectivité.
Cette œuvre de fiction rend un son d'authenticité parfaite : elle ne peut qu'exciter vivement l'intérêt grâce à ses multiples épisodes, grâce aussi au langage passionnément sensuel, mordant et lucide de l'auteur qui, de toute évidence, a intensément vécu l'expérience de ce paradis inversé. Le lecteur y pénètre avec lui et découvre peu à peu les limites et les incompatibilités, la grandeur et les servitudes de cette intrépide gageure dont, à distance, il ne pouvait qu'abstraitement appréhender les lois.