Le Pique-Minute

M. Protêt personnifie essentiellement le type du mauvais patron. Dans son «bureau d'affaires» de la rue de la Paix, il touche à tout : import-export, équipement industriel, marchés licites et «parallèles» – bref à tout ce qui rapporte de l'argent. Remuant, d'une nervosité presque pathologique, il traite son personnel en négrier. Une de ses secrétaires l'a surnommé le «Pique-Minute» pour la rapacité avec laquelle il exige le maximum de «rendement» de la part de ses employés.
D'une cupidité, d'une avidité presque sans exemple, M. Protêt serait depuis longtemps sans doute devenu fort riche, sans son caractère exécrable. Du moins, son absence de scrupules, son égoïsme et sa brutalité le font-ils passer pour une «force de la nature» auprès de certaines femmes, notamment de la riche, et malade, Madame de Rodéo, qui ne peut s'empêcher de l'aimer. Chez cette dame, M. Protêt, lui, n'aime guère que la fortune.
Comment il réussira à se l'approprier ; comment, contre toutes les prévisions, il ne fera pas faillite ; comment son adjoint, Harrebourg, petit homme posé, réfléchi et patient, parviendra lui aussi à ses fins : l'évasion vers les îles du Sud – c'est ce que Paul Mousset, avec une verve et un style de grand romancier, nous montre dans ce livre cruel, burlesque, qui est à la fois un document psychologique et une satire.