Le massacre de Song My

. La guerre du Vietnam et la conscience américaine
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane
Collection Témoins
Gallimard
Parution
Le 16 mars l968, soixante-dix à soixante-quinze G.I.'s ont rasé le hameau de My Lai, partie du village de Song My, dans la province de Quang Ngai, tuant tout ce qui n'avait pas pris la fuite : buffles et volaille, femmes, vieillards et enfants. Trois lieutenants et un capitaine étaient sur le terrain. Des officiers supérieurs, y compris un général, survolaient le village. Tous les hommes obéirent. Seul, un pilote d'hélicoptère tenta, en vain, d'arrêter le massacre.
Comment de telles choses sont-elles possibles? Le fait ne fut pas unique et le journaliste Seymour M. Hersh décrit dans ce reportage qui obtint le prix Pullitzer l'engrenage atroce d'une «opération militaire».
Tuer à bout portant un bébé de deux ans aux yeux bridés, est-ce donc faire la guerre? Votre conscience s'indigne, mais vous savez que la réponse est : oui. Personne n'est responsable individuellement. Pas même le lieutenant qui aujourd'hui (plus de deux ans se sont écoulés) passe en cour martiale pour calmer l'opinion mondiale. Les G.I.'s assassins sont aussi des victimes, et des mères pleurent sur leurs garçons, enfants perdus de l'Amérique.
Seymour M. Hersh a réuni des documents, interrogé des témoins ; il s'est gardé de tout jugement et de tout commentaire. La littérature ne dit jamais tout à fait la vérité. Ici, c'est la vérité simple, avec la confusion, les ambiguïtés du témoignage humain, la vérité sur cette guerre, la vérité sur la guerre, la vérité sur tout homme lorsqu'il devient un guerrier, qui est mise à nu. Nous n'avons pas le droit de détourner notre regard.
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