L'Indochine par les Français
Parution
«Je n'ai pas accepté que ceux qui ont voulu et réalisé l'Indochine fussent absents des solennités de I931. Et je viens de passer l'année à les interroger. La mode est aux anthologies, besogne facile de librairie que de découper, dans les livres, des pages d'auteurs célèbres. Rien de tel, dans cet essai, d'ambition plus relevée que de bâcler un volume d'anniversaire, avec des citations d'écrivains professionnels. Nous avons tenté de donner de l'lndochine un petit Précis historique, dont les rédacteurs chronologiques seraient surtout les hommes qui ont établi son histoire ; les romanciers et les poètes ne venant que par surcroît, pour l'intermède descriptif des pays, les récits de folklore, les impressions de passage. Il se trouve que missionnaires, explorateurs, savants, marins, soldats, colons, voire des gouverneurs, ne sont pas inférieurs à tant de maîtres du verbe. C'est que, le plus souvent, ils ont écrit avec leur sang...
Donc, nous n'avons pas choisi de "morceanx de bravoure" par quoi brillent les solistes. Nous avons cherché dans chacun la partie utile, pour cadrer dans l'ensemble. Nous espérons qu'à la fin, le lecteur le plus profane aura vu le visage exact de l'Indochine... avec les Français, qui n'existerait plus sans les Français.
Jeunes annamites, dessalés à notre contact, qui nous devez de savoir lire, jeunes français d'après-guerre, qui savez ce que c'est de se battre pour la plus grande cause, lisez. Vous serez émus, j'imagine, par tant de grandeur incomparable de nos aînés, au service de la Civilisation. Par toutes les archives de la conquête, vous ne trouverez que des phrases qui la justifient, toutes de compréhension et d'amour, au-dessus de la guerre...
Est-ce à dire que, soudainement, après L'Indochine en péril, les Destinées de l'Indochine, les Nuages sur l'Indochine et des milliers d'articles, où je dénonçai, il y a vingt ans, les erreurs, les abus de notre occupation, je vais renier quoi que ce soit de mes écrits polémiques? Non. Le mérite était mince pour un passant, tant soit peu attentif, de Bombay à Calcutta, de Singapour à Java, à Saïgon, à Yokohama, de constater le réveil de la race jaune. Et, à travers les bévues administratives, les convoitises politiques, contre les régimes d'affaires, c'est pour plus de justice aux indigénes que je luttais, encore. Que de cris d'alarmes, avec mes amis du Courrier Saïgonnais du Courrier d'Haïphong, de L'Avenir du Tonkin, qui n'ont pas été entendus de la métropole, qui résonnaient à l'oreille, au cœur des Annamites. Nous ne sommes pas sans reproches? Je veux le taire aujourd'hui, non sans conclure que nous avons voulu le bien, et que nous l'avons réalisé immensément. Et peut-être que l'erreur suprême a été de vouloir inconsidérément le mieux...»
Jean Ajalbert.
Donc, nous n'avons pas choisi de "morceanx de bravoure" par quoi brillent les solistes. Nous avons cherché dans chacun la partie utile, pour cadrer dans l'ensemble. Nous espérons qu'à la fin, le lecteur le plus profane aura vu le visage exact de l'Indochine... avec les Français, qui n'existerait plus sans les Français.
Jeunes annamites, dessalés à notre contact, qui nous devez de savoir lire, jeunes français d'après-guerre, qui savez ce que c'est de se battre pour la plus grande cause, lisez. Vous serez émus, j'imagine, par tant de grandeur incomparable de nos aînés, au service de la Civilisation. Par toutes les archives de la conquête, vous ne trouverez que des phrases qui la justifient, toutes de compréhension et d'amour, au-dessus de la guerre...
Est-ce à dire que, soudainement, après L'Indochine en péril, les Destinées de l'Indochine, les Nuages sur l'Indochine et des milliers d'articles, où je dénonçai, il y a vingt ans, les erreurs, les abus de notre occupation, je vais renier quoi que ce soit de mes écrits polémiques? Non. Le mérite était mince pour un passant, tant soit peu attentif, de Bombay à Calcutta, de Singapour à Java, à Saïgon, à Yokohama, de constater le réveil de la race jaune. Et, à travers les bévues administratives, les convoitises politiques, contre les régimes d'affaires, c'est pour plus de justice aux indigénes que je luttais, encore. Que de cris d'alarmes, avec mes amis du Courrier Saïgonnais du Courrier d'Haïphong, de L'Avenir du Tonkin, qui n'ont pas été entendus de la métropole, qui résonnaient à l'oreille, au cœur des Annamites. Nous ne sommes pas sans reproches? Je veux le taire aujourd'hui, non sans conclure que nous avons voulu le bien, et que nous l'avons réalisé immensément. Et peut-être que l'erreur suprême a été de vouloir inconsidérément le mieux...»
Jean Ajalbert.