Sao Van di
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Sao Van di(Mœurs du Laos) portait en sous-titre la première édition de ce roman, il y a trente ans, ce qui fit croire à un livre de la conquête, du temps où l’on n’avait pas fini d’inventorier notre empire d’outre-mer. De 1900 à 1906, Jean Ajalbert, désertant Paris et l’Auvergne, alla au plus loin, annexant à la littérature un pays inconnu, non pas en colonial, mais en poète créateur. Dans ces pages intenses, tout un petit peuple, épargné des civilisations, jaune ou blanche, demeuré doucement primitif, vivait du fleuve et de la forêt, au flanc des montagnes vierges. Restitution saisissante au point qu’on douta qu’un Occidental eût pu sentir ainsi, dans le recul des temps, comme à l’orée du monde. Devant des chansons d’amour inouïes jusqu’alors, d’aucuns, parmi les critiques les plus louangeurs, avaient cru à des traductions, quand elles n’étaient que l’invention de l’écrivain, d’après quelques motifs indigènes.
Avec Sao Van di, avec Raffin Su Su, Jean Ajalbert a donné deux romans rares, qui manquaient aux lettres françaises et demeurent sans équivalents, dans les littératures étrangères.