Le chien de l'aube

Parvenue aux bornes de l'enfance, entre la lumière de ce royaume et l'ombre impénétrable de celui des adultes, une adolescente de quinze ans se débat : «Je croyais que je ne serais jamais grande. Je voyais les autres enfants toucher les bords de la rive dangereuse et brusquement changer.» À cet âge limite toutes les valeurs changent. Il faut tout réapprendre, c'est comme une seconde naissance.
D'un milieu ouvrier, l'adolescente doit à son tour travailler. Ses divers emplois la font passer chez des commerçants, des bourgeois et ensuite à l'usine. Ils sont tous séparés par les malentendus, les mensonges, le silence et l'égoïsme de leurs petites passions. Leur terrible solitude est mise au jour. Où trouver la vérité? Quelle réponse proposer à cet univers incompréhensible sinon un nombre infini de «Je m'en fous»? Parfois l'adolescente se tourne vers la nature, mais c'est pour lui envier son indifférence, son intégrité. «Je voudrais être une pierre ou un arbre, je n'aurais que l'âge de mon ombre...»
Ce monde, qui la concerne si peu, devient terrifiant au point de lui donner des hallucinations qui prennent parfois le masque du chien de l'aube. Seule l'innocence du regard de sa petite sœur peut recréer pour elle la vie enfantine, la seule vraie, la seule pure, où elle trouve le calme. Après la mort tragique de la petite Remye, l'enfant qu'elle aura lui permettra-t-il de tenir tête au cauchemar?