Le chant des regrets sans fin

En l'an 750 de notre ère, en Chine impériale, la jeune T'ai-Tchen, devenue, par tradition, nonne taoïste au monastère de la Bienfaisance-Parfumée après la mort de son mari, le gouverneur des Quatre-Vallées, rencontre le prince Chéou, fils dix-huitième de la dynastie de l'empereur Ming-Huang, un certain soir qu'elle mendiait son repas à la porte d'une maison de thé. Chéou a ressenti pour elle «le coup de lune», il l'emmène à sa cour. À cause de sa beauté et de sa vive intelligence, il en fait, dans le gynécée, son Épouse Seconde. Mais elle est ambitieuse : avec la complicité de son propre frère, Yang Kuo-Tchong, devenu l'ami de Chéou et l'allié du ministre de la Droite Li Lin-Fou, celle qui désormais se nomme Annneau-de-Jade entreprend de charmer le puissant empereur Ming-Huang en tournée de contrôle à travers les provinces de son immense empire. Non seulement elle séduit le vieux Ming-Huang, mais elle parvient à le rendre éperdument amoureux. Chéou doit s'incliner devant l'autorité du père : Anneau-de-Jade devient épouse et première favorite à la cour de Tchang-Nan, capitale de la Chine. Et les années passent.
Mais à l'époque où la femme n'avait pas le droit d'être plus qu'un objet de luxe, la grâce jointe à l'habileté de plus en plus autoritaire d'Anneau-de-Jade, dont l'influence sur le destin politique et militaire de l'Empire commence à soulever la révolte d'un bout à l'autre de la Chine, ainsi que le profond amour qu'elle-même éprouve pour son Impérial Époux, vont précipiter le couple scandaleux dans le drame d'un coup d'État. En même temps qu'à l'effondrement d'un extraordinaire pouvoir dynastique, nous assisterons au suicide horrible et poétique de cette Anneau-de-Jade qui osa accomplir jusqu'au bout un courageux destin de femme libre.