Automne 1268. Antioche est tombée aux mains de l’Islam. Au cœur des montagnes du Liban, dans sa citadelle assiégée, le fondateur de l’Ordre mystérieux du Paraclet confronte aux images de la mort prochaine les songes de sa jeunesse.
Jadis, sur les collines heureuses de Sicile, une jeune fille, Ariane, lui transmit l’enseignement de Joachim de Flore, le moine prophétique qui annonçait le règne de l’Esprit Saint, l’avènement terrestre d’un royaume de paix et de justice qui durerait mille ans. Et la vie a passé, vouée à l’accomplissement des prophéties. Ariane est morte si vite, qui fut le seul amour, et qui demeure, au-delà de la mort, la répondante. Toutes les entreprises politiques, une à une, se sont effondrées. Tandis que l’ambition de l’empereur Frédéric II épuisait l’Occident en des guerres stériles, et que s’achevaient en désastres les croisades, l’aveuglement des princes chrétiens, hostiles à l’alliance mongole, livrait la Terre sainte à l’Islam. Joachim de Flore s’est-il trompé ou faut-il accuser l’impatience de ses disciples?
Cependant que s’effacent tous les espoirs humains, c’est à Dieu lui-même que le Maître du «Paraclet» demande compte de ses songes et de sa vie.