La Reine de Tullé
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Le héros de ce nouveau roman d’Henri Bocrat est un riche sexagénaire apoplectique et coureur, le père Moreau, qui vit avec sa vieille bonne Ernestine dans une petite ville de l’Atlantique.
Il a deux fils et une fille : Roger, ingénieur, interné provisoirement dans un asile. Philippe, un bohème qui occupe une soupente, peste contre les puissants de ce monde et éprouve de l’amour pour une petite servante. Leur sœur est mariée à un officier, Pierre Marvel, grand trousseur de jupons.
Le vieux Moreau inquiète beaucoup sa famille. Ne s’est-il pas mis en tête, en effet, d’épouser une fille galante, Josyane? Une guerre sourde s’organise autour de leurs amours, menée âprement par Louise Marvel, une femme de cinquante ans passés, touchée par la décrépitude mais qu’une sensualité demeurée intacte torture sans relâche. Sa jalousie frénétique la pousse à exciter la ville entière contre Moreau.
Roger quitte l’asile. Finalement, Louise exploite l’amour quasi maniaque qu’il porte à son père. Elle l’excite contre Josyane, «l’usurpatrice». Vaine manœuvre. Le destin agira lui-même, et pour une fois, équitablement.
Mais la vieille femme jalouse ne verra pas pour autant la fin de ses tourments. Il y aura toujours dans Tullé des reines nouvelles et des sexagénaires qui leur dédieront leurs dernières farces et leur argent.
Écrit dans un ton brusque, une langue un peu brutale, un humour assez dur et même parfois sombre, avec des pages dramatiques sur la folie, et de la fantaisie enfin, ce roman, le second d’Henri Bocrat, affirme un talent vigoureux dont la promesse était dans son premier livre, la Soupe aux crabes.
Lire un extrait