La Justice

Gallimard
Parution
«Les citoyens sont dégoûtés des impostures et des grands mots. Les qualificatifs de juste et d'injuste ne peuvent se limiter à une seule spécialité. Ce qui est juste c'est que les enfants soient éduqués, les malades soignés, les vieux assistés, les hommes en paix et que les hommes valides trouvent tous du travail. L'État ne se justifie que par les avantages qu'il procure. À l'intérieur de cette obligation générale, la solution des conflits privés, la réduction des désordres individuels constituent le domaine de l'administration judiciaire qui doit réparer les dommages et empêcher de nuire. Les tribunaux ont en outre un intérêt pédagogique. Ils sont le lieu officiel de la contestation puisque les opinions les plus opposées doivent s'y exprimer librement et publiquement.
Mais, en pratique, les droits de l'homme ne sont rien s'ils ne sont pas accompagnés de moyens de les faire valoir. Ce qui compte c'est la preuve. La machine judiciaire est une machine à prouver dont chaque citoyen doit pouvoir disposer pour se faire juger comme il se fait instruire, transporter, soigner... Malheureusement une quantité d'habitudes mesquines qui invoquent les traditions sacrées pour cacher le grouillement des intérêts fait obstacle au bon fonctionnement d'une administration dont chacun ressent la nécessité mais qui ne peut être profitable que si elle obtient la confiance par la franchise et que si elle collabore sans complexes avec les autres services publics.»
Casamayor.
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