La goutte de sang

Deux jeunes filles, Armande et Juliette, filles de riches fermiers de la Thiérache, sont liées d'une étroite amitié. Armande – la narratrice – sait dominer ses aspirations ; élle met tout son bonheur dans la communion avec la nature et avec les bêtes. Juliette, au contraire, veut à tout prix suivre ses rêves et s'exalte sans cesse. Elle découvre un jour, au fond d'une forêt, une maison étrange, pleine de souvenirs comme un musée. C'est la Joncherie, l'ancien domaine des Besant. C'est là que vit, dans une solitude absolue, inconnu de tous, Pierre Besant, très beau, très mystérieux, très sauvage, et deux fois veuf. Chaque jour ou presque, Juliette va le rejoindre et tente de le dominer, de l'apprivoiser, de le conquérir. Pierre reste insaisissable, énigmatique ; il abat des arbres, sculpte le bois, familier seulement avec ses colombes, sensible seulement à la nature, – par exemple à cette «goutte de sang », une fleur rouge qui pousse chez lui par hasard, et qu'il soigne avec amour... Armande tente de guérir Juliette de son obsession. Elle n'y parvient pas. Juliette qui a cru qu'elle ne se connaîtrait elle-même et ne s'épanouirait tout entière que dans la vie commune avec Pierre, finit par se jeter dans l'étang de la Joncherie.
Marie-Josèphe Gauthier a retrouvé et singulièrement développé dans ce roman à quatre personnages (Juliette, Armande, Pierre et la forêt) ses dons précieux d'évocatrice de la nature qu'on avait remarqués dans Autour d'une jarre de grès.