La formation morale de la France
. Histoire de l'unité française
Collection La Suite des temps
Gallimard
Parution
L'idée de patrie est l'une des idées-clés de la politique actuelle, à l'intérieur des États comme dans le champ des relations entre les peuples. Certains nient qu'elle puisse encore s'adapter aux constructions sociales du présent et de l'avenir ; d'autres la défendent au contraire avec un traditionalisme qui risque vite de paraître momifié. Marie-Madeleine Martin a abordé ce problème-clé, non pas sur le terrain de la discussion abstraite, mais dans la réalité vivante de l'histoire de notre peuple. Elle a cherché comment, en France (dans la nation la plus anciennement unifiée d'Europe), l'idée de patrie a pu germer, grandir, se modifier, jusqu'à devenir la conception nationaliste des années toutes proches. «Ce qui est condamné», conclut-elle, «ce n'est pas la patrie, mais la contrefaçon de son idée, ce sont les exaltations violentes des particularismes d'un peuple, ces orgueils individualistes, ces retranchements brutaux de la communauté humaine». D'après la jeune historienne, qui a rassemblé une masse énorme de documents politiques, juridiques, philosophiques de tous les siècles de notre histoire, l'idée de nation sépare violemment les hommes, tandis qu'un retour à l'idée de patrie, civilisatrice et humaine, permettrait, dans le monde actuel, de relier et d'accorder à l'universel les intérêts particularistes d'un peuple.