La belle affaire
Collection Les documents bleus (no22)
Gallimard
Parution
Les premières lignes de ce volume définissent ainsi le titre et le sujet de l’ouvrage : La belle affaire, en langage de Palais, c’est le procès qui contient d’horribles histoires ou d’affreuses tristesses. On la dit belle sans doute par antiphrase, car elle n’est attirante que par les difformités morales, les désordres sociaux, le déséquilibre mental, les misères et les perversions qu’elle peut révéler. En elle, il n’est de beau que la vérité qu’on y cherche et la moralité que la Justice parfois en dégage.
Avant de nous conter une douzaine des plus belles affaires auxquelles sa carrière de journaliste lui a permis d’assister, l’auteur nous mène à l’audience ; nous montons au banc de la presse avec lui et des silhouettes apparaissent, des incidents dramatiques ou pittoresques sont évoqués ; les souvenirs se multiplient. Les curieux des choses judiciaires trouveront dans cette première partie, une sorte de monographie professionnelle, d’intéressants renseignements sur l’art du chroniqueur judiciaire et la technique de son métier.
La seconde partie se compose de récits brefs, exacts et clairs de procès célèbres en leur temps, oubliés aujourd’hui. C’est un défilé saisissant et varié : aventuriers, assassins, femmes criminelles, amants passionnés, bandits et révoltés ; c’est l’immense comédie de l’affaire Thérèse Humbert ; ce sont les anarchistes, de Ravachol à Caserio ; c’est le procès de Gabrielle Bompard, un des premiers grands succès d’assises du futur bâtonnier Henri-Robert ; ce sont les drames de la grève : Decazeville, où plaida Mᵉ Millerand à ses débuts ; Cluses où Mᵉ Aristide Briand fit entendre une retentissante plaidoirie, etc.
La Justice qui châtie, commet aussi des fautes, et nous la voyons réduite aux aveux de ses erreurs dans un dernier chapitre où sont rappelées l’affaire de Vaucroze et l’affaire Dreyfus, cette dernière condensée en quelques pages précises.
De l’ensemble de tant de documents se dégage une impression de grande pitié pour la folie humaine et la pauvreté des moyens dont la raison dispose, dans sa lutte contre l’extravagance ou la sauvagerie.