L'Homme-orchestre
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Ce roman, où tout est observé et rendu avec un scrupule de peintre-poète réaliste, porte sur les dix années 1938-1948. Il raconte la passion du héros, Daniel, pour un homme du peuple déjà âgé, assez laid, et d’une grande habileté manuelle, d’où son surnom : l’Homme-orchestre. Cette violente passion rappelle, par endroits, l’enfer de La Prisonnière. «La jalousie et la mort, dit le héros, avaient en moi le même écho.» En sorte que l’absence, d’abord, est un repos du cœur ; et la mort, ensuite (l’homme-orchestre s’éteint lentement d’une tuberculose contractée dans un camp de représailles allemand), apparaît à Daniel comme une issue inespérée : elle enferme définitivement l’ami et le détruit pour tous les autres.
Qu’on ne s’y trompe pas : nous avons affaire ici à un ouvrage d’une sincérité totale, mais sans cynisme ni provocation. André Du Dognon, que Les Amours buissonnières ont révélé au grand public, est aussi loin du conformisme du vice que de celui de la vertu. Bien que le thème central de L’Homme-orchestre soit le récit d’une passion, et que la psychologie en soit particulièrement fouillée, l’auteur a recréé toute une société parisienne, pittoresque et précieuse, et fait vivre d’une intense vie romanesque un grand nombre de personnages. Par là, il s’apparente aux plus authentiques créateurs.