L'Homme en dehors
Trad. de l'anglais par Léo F. van Hoy
Collection Les Essais
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
1987
Chaque époque a son style de héros, dans lequel elle se reconnaît : il se pourrait bien que ce héros de l'âge atomique soit «l'Étranger». Après Albert Camus, le jeune et brillant essayiste anglais le découvre à son tour.
«L'Outsider», c'est l'homme qui a le sentiment aigu de l'absurdité de la vie, et qui pense que derrière «l'ordre» dans lequel croient la plupart de ses contemporains règnent le chaos et l'anarchie.
C'est tout d'abord dans la littérature contemporaine que Colin Wilson cherche les traits principaux de son héros : dans L'Enfer de Barbusse, dans l'œuvre de H.G.Wells, dans L'Étranger de Camus, dans les premiers romans d'Hemingway. L'atmosphère que respire «l'Étranger» d'aujourd'hui est raréfiée. Du moins, le monde qu'il voit d'un œil lucide est-il le monde d'un adulte, non pas celui d'un enfant. C'est la grande différence qui existe entre le XXᵉ et le XIX&esup siècle. «L'Étranger», au XIXᵉ siècle, était un enfant. Il ne pouvait admettre l'idée que la nature humaine est mauvaise, puisque la philosophie de l'époque déclarait l'homme perfectible à l'infini. L'auteur trace le portrait de «l'Outsider» à l'époque romantique, à travers le Werther de Goethe, les œuvres de Schiller, d'Hölderlin, de Rimbaud, de Mallarmé, de Rilke, de Proust.
Mais le problème qui se pose à «l'Outsider» est un problème vivant et Colin Wilson, quittant la littérature, cherche quelques «intercesseurs» dont la vie demeure un exemple. Il choisit Van Gogh, T.E. Lawrence et Nijinsky. Le premier et le dernier devinrent fous. Le véritable «suicide moral» de T.E. Lawrence équivalait à la folie de Nijinsky. La conclusion la plus importante à tirer de cette analyse, c'est la découverte que le désir profond de «l'Étranger» est de cesser de l'être. Il ne le peut pas en devenant bourgeois.
La réponse à l'angoisse de «l'Outsider», c'est, pense Colin Wilson, dans la religion qu'elle peut être trouvée. La notion fondamentale de la religion est la liberté, et «l'Étranger» veut être libre. L'homme «sain d'esprit», lui, n'est pas libre.
Colin Wilson cherche alors à travers Nietzsche, Tolstoï et Dostoïevski la solution au problème qu'il s'est posé. Il pense la trouver chez quelques hommes religieux, mais qui rejetèrent l'orthodoxie de leur temps : un George Fox, un William Blake. C'est aussi dans Ramakrishna, comme dans le Christ – ceux qui vont aux extrêmes – que «l'Outsider» peut trouver un exemple. «Mon but n'est pas de proposer une solution complète et infaillible des problèmes de "l'Étranger", conclut Colin Wilson, mais seulement de montrer que des solutions traditionnelles – ou des essais de solutions – existent.»
«L'Outsider», c'est l'homme qui a le sentiment aigu de l'absurdité de la vie, et qui pense que derrière «l'ordre» dans lequel croient la plupart de ses contemporains règnent le chaos et l'anarchie.
C'est tout d'abord dans la littérature contemporaine que Colin Wilson cherche les traits principaux de son héros : dans L'Enfer de Barbusse, dans l'œuvre de H.G.Wells, dans L'Étranger de Camus, dans les premiers romans d'Hemingway. L'atmosphère que respire «l'Étranger» d'aujourd'hui est raréfiée. Du moins, le monde qu'il voit d'un œil lucide est-il le monde d'un adulte, non pas celui d'un enfant. C'est la grande différence qui existe entre le XXᵉ et le XIX&esup siècle. «L'Étranger», au XIXᵉ siècle, était un enfant. Il ne pouvait admettre l'idée que la nature humaine est mauvaise, puisque la philosophie de l'époque déclarait l'homme perfectible à l'infini. L'auteur trace le portrait de «l'Outsider» à l'époque romantique, à travers le Werther de Goethe, les œuvres de Schiller, d'Hölderlin, de Rimbaud, de Mallarmé, de Rilke, de Proust.
Mais le problème qui se pose à «l'Outsider» est un problème vivant et Colin Wilson, quittant la littérature, cherche quelques «intercesseurs» dont la vie demeure un exemple. Il choisit Van Gogh, T.E. Lawrence et Nijinsky. Le premier et le dernier devinrent fous. Le véritable «suicide moral» de T.E. Lawrence équivalait à la folie de Nijinsky. La conclusion la plus importante à tirer de cette analyse, c'est la découverte que le désir profond de «l'Étranger» est de cesser de l'être. Il ne le peut pas en devenant bourgeois.
La réponse à l'angoisse de «l'Outsider», c'est, pense Colin Wilson, dans la religion qu'elle peut être trouvée. La notion fondamentale de la religion est la liberté, et «l'Étranger» veut être libre. L'homme «sain d'esprit», lui, n'est pas libre.
Colin Wilson cherche alors à travers Nietzsche, Tolstoï et Dostoïevski la solution au problème qu'il s'est posé. Il pense la trouver chez quelques hommes religieux, mais qui rejetèrent l'orthodoxie de leur temps : un George Fox, un William Blake. C'est aussi dans Ramakrishna, comme dans le Christ – ceux qui vont aux extrêmes – que «l'Outsider» peut trouver un exemple. «Mon but n'est pas de proposer une solution complète et infaillible des problèmes de "l'Étranger", conclut Colin Wilson, mais seulement de montrer que des solutions traditionnelles – ou des essais de solutions – existent.»