L'Homme à la colombe

Gallimard
Parution
L'ONU est en émoi. Un fantôme, portanl une colombe, terrorise les dactylos qui font des heures supplémentaires le soir dans le gratte-ciel de l'Organisation à New York. On découvre qu'il s'agit d'un jeune cow-boy du Texas, dont le père est un magnat des pétroles. Johnnie, c'est le jeune homme, est venu dans l'Est faire des études supérieures. Celles-ci ont fait de lui un intellectuel, et son père lui a coupé les vivres derechef. Johnnie s'est dévoué avec passion à l'idéal des Nations Unies. Pour contempler de près cette conscience du monde, il s'est fait loger avec sa colombe dans un réduit secret du building de l'ONU, par un cireur de chaussures de ses amis, très bien introduit dans toutes les sphères de cette Babylone diplomatique. Puis il a fait venir sa petite amie, Frankie, vigoureuse cow-girl du Texas, qui n'est pas sans regretter la spiritualisation de son fiancé...
Au bout de quelques jours, Johnnie a compris que l'ONU est une farce, une grande turbine qui marche au quart de tour, mais n'entraîne aucun moteur. Sa déception prend les proportions d'un désespoir métaphysique. II décide alors de perdre l'ONU aux yeux du monde.
À cette fin, il monte une machination qui doit ridiculiser l'Organisation et lui rapporter accessoirement beaucoup d'argent : cela prouvera à son père qu'il n'est pas un fruit sec et à lui-même qu'il est supérieurement cynique. Son complot lui apporte une gloire universelle. Les gens croient en lui, lui envoient des messages émus et de coquets mandats. Mais lorsque, en exécution de son plan, il révèle qu'il n'est qu'un imposteur, on ne le croit pas. Touché par la vraie grâce onusienne, il fait la grève de la faim et meurt. On l'enterre au Texas avec sa colombe.
Satire féroce de la vie de l'ONU, des fonctionnaires, diplomates et journalistes qui s'affairent au service de l'inutile turbine, le roman de Fosco Sinibaldi exprime malgré tout en filigrane, avec pudeur, une grande foi dans l'avenir de la coopération internationale. En attendant ces jours meilleurs, l'auteur campe un certain nombre de caricatures irrésistibles et de scènes, toutes symboliques, cocasses à l'extrême. Les conférences du Secrétaire Général avec son état-major, l'attaque de la colombe contre le Conseil de Sécurité, la description du formidable État dans l'État que constitue la Presse, sont particulièrement bien venues.