Langue d'or

Gallimard
Parution
« Comme elle hoquetait et semblait respirer avec difficulté, je l’avais retournée du bout du pied. Blanche, molle, tuméfiée, sa face m’était apparue pour la première fois. De voir son visage me rassura. Je m’étais baissé pour détailler ses traits. Ses yeux d’eau claire, longcillés, enfoncés dans le gras lui donnaient un air de carlin boudeur. Sa lèvre supérieure, épaisse, retroussée, laissait à découvert deux rangées de dents aiguës irrégulières. Un filet de bave mousseuse s’écoula. Une belle prise, en effet. Je fis glisser mon doigt sur ses lèvres, puis sur ses gencives, avant de l’enfoncer doucement dans la bouche pour tâter sa langue. Ah ! la langue, la belle langue ! Elle allait apprendre à s’en servir autrement que pour lécher des racines de tubéreuse et sucer des tiges de sureau. »
Dans un monde en ruine, les humains, retournés à l’état sauvage, vivent en meutes et cherchent de quoi survivre parmi la boue et les débris. Surtout, devenus mutiques, ils ne communiquent plus que par des éructations. Quelques-uns, très rares, ayant découvert des livres dans les décombres d’une bibliothèque, s’efforcent d’apprendre la langue française et d’en perpétuer l’usage. Fifi, le héros du roman, est l’un d’eux. Un jour, il enlève une enfant et la séquestre dans une cave. Son projet ? Lui apprendre à parler, à lire, à écrire…
Dans Langue d’or, le goût pour les mots le dispute à la vivacité des images. Avec un humour parfois très noir, cette formidable parabole explore la façon dont la maîtrise de la langue lutte contre l’effondrement du monde.

« Un roman d'une profonde originalité. » Politique Magazine

« La place manque pour dire toute la richesse de Langue d'or. La plume virtuose de Philippe Comar transforme la noirceur en lumière. [...] Un roman d'une profondeur et d'une beauté inouïes. » Le Figaro littéraire

« Sans jamais sombrer dans le pathos nihiliste [...] ce roman décrit, non sans un humour des plus noirs, un monde à l’envers où toutes les normes, toutes les conventions sont inversées, où l’on craint à tout moment « que la paix éclate ». » Le Matricules des Anges

« Ce roman aux allures de fable postmoderne sonne tel un ultime cri d'alerte, avant liquidation du sens et de ses truchements. » La Croix

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