L'Équipage au complet

Gallimard
Parution
«C'est la guerre. Deux "hommes-grenouilles" italiens ont, au péril de leur vie, déposé une mine à retardement sous la quille d'un cuirassé de la Royal Navy. On les repère. On les capture. On les amène à bord. L'un des deux est grièvement blessé. Le commandant du Valiant les interroge ; il se heurte à leur mutisme. Non, ils ne diront pas s'ils ont réussi à placer leur engin, où ils l'ont placé, quand celui-ci doit exploser... Le commandant engage un pari avec lui-même, avec ses officiers, avec les prisonniers. Les Italiens devront parler ou ils sauteront. Il va faire front à toutes les objections qui ne cessent d'affluer : celles du médecin-chef dont le devoir est de sauver un homme qui meurt, celles du pasteur qui veut réconforter l'âme de ce croyant, celles aussi de son second qui évalue les chances techniques qu'il y a de sauver l'équipage et le bâtiment.
D'un côté, un homme seul se bat pour tenter de faire triompher une cause que tous jugent mauvaise. Un homme qui va se raidir contre l'angoisse grandissante de la mort ; la mort qui a chaque seconde augmente les chances de son propre triomphe. Un homme qui ne croit en rien, sinon en la volonté d'un seul pour faire pencher la balance du destin.
De l'autre côté, des matelots qui subissent, crâneurs ou terrifiés, et attendent désemparés l'issue d'un combat qui les dépasse. Un interprète qui ne joue pas, se contente de transmettre et doute de la grandeur du jeu, y décèle «l'absurde»... C'est tout.
Sans doute les lecteurs attentifs seront-ils sensibles comme le sont les spectateurs de L'Équipage au complet, à la hauteur du ton, à l'extrême dépouillement du langage, à la sureté du dessein et aux trouvailles dramatiques de la pièce de Robert Mallet. S'il ne s'agissait que d'une pièce à suspense, déja serait-elle réussie. Pas une bavure, pas une faiblesse, un mécanisme d'une efficacité prodigieuse. Mais il s'agit aussi d'une tragédie, celle de l'homme qui tente, en dépit de tout et de lui-même, de surmonter sa tendresse et de jeter un défi au destin qui l'a pris au piège.»
Henri Soubeyran, metteur en scène de la pièce.